Conférence de presse de plusieurs victimes d’implants contraceptifs Essure avec leurs avocats à Lyon, le 10 février 2020 @ JEFF PACHOUD / AFP)

Une journaliste lyonnaise perce le secret du scandale des implants Essure

La journaliste lyonnaise Jacqueline Maurette et sa consœur Delphine Bauer publient une enquête autour des dysfonctionnements sanitaires autour des implants contraceptifs Essure. Près de 200 000 femmes ont utilisé ce dispositif contraceptif en France.

Le livre Au mépris du corps des femmes. Le scandale des implants Essure, sorti le 20 octobre dernier retrace est une enquête sur les implants de contraception définitive Essure. En fil rouge, la journaliste lyonnaise Jacqueline Maurette et sa consœur Delphine Bauer recueillent les propos de la Vénissiane Anne-Cécile Groléas, victime des violents effets secondaires de l'implant.


"Les femmes ont quand même été des cobayes", Jacqueline Maurette, journaliste d'investigation.


Tout commence en 2002, date de la commercialisation de l'implant Essure par le géant pharmaceutique Bayer, aux Etats-Unis et en Europe. Jugé comme révolutionnaire à l'époque, ce double ressort métallique qui obstrue les trompes de Fallope, était destiné aux femmes ne souhaitant plus - ou pas - procréer.

Mais l'implantation définitive, décrit comme un produit révolutionnaire aux débuts des années 2000 a tourné au drame. À tel point qu'en 2017, l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM), avait demandé l’arrêt des implantations.

Informée par une amie médecin sur les plaintes de nombreuses patientes porteuses de l'implant, l'ancienne journaliste à L'Humanité décide de creuser le sujet et d'en écrire un livre, avec l'aide de sa consœur Delphine Bauer en 2020.

En France, près de 198 000 femmes ont fait l'implantation

En menant l'enquête, les journalistes d'investigation s'aperçoivent d'un lourd problème, "ça touchait plus de femmes que ce que l'on pensait", précise Jacqueline Maurette. En France, on compte environ 200 000 femmes qui ont procédé à cette implantation. Parmi elles, Anne-Cécile Groléas décide de témoigner.


"Sa parole, c'est celle de toutes les femmes", Jacqueline Maurette, co-autrice du livre.


Dans cette enquête publiée aux éditions de L'Atelier, la Vénissiane évoque les nombreuses conséquences néfastes de l'implant Essure : douleurs très diverses, otites à répétition, incapacité articulaire, épuisement, troubles du système nerveux, douleurs abdominales, maux de tête, hémorragies... Toutes ces douleurs ont conduit 30 000 Françaises à faire une ablation de l'utérus en retirant l'implant. "Un tiers de ces femmes disent ne plus souffrir après l'explantation, mais deux tiers d'entre elles disent avoir des séquelles", appuie la co-autrice du livre, Au mépris du corps des femmes. Le scandale des implants Essure.

Lire aussi : Les implants contraceptifs Essure de Bayer suspendus du marché

Pour les deux journalistes, il s'agit d'abord d'une "absence totale d'écoute de ces femmes qui souffrent". Après ces révélations, plusieurs entreprises spécialisées comme Minapath ou Tox Seek ont lancé des enquêtes scientifiques concernant les implants. Ces dernières études ont révélé que la soudure de l'implant était "totalement explosée et ne tenait pas" et que "les implants avaient des effets de corrosion", souligne la Lyonnaise.

Après les signalements de nombreuses femmes victimes des effets secondaires liés à l'implant Essure, la société Bayer a dû se présenter devant le tribunal judiciaire de Paris le 3 octobre dernier. Les plaignantes réclament la reconnaissance des douleurs et souhaitent être mieux informées et mieux prises en charge.

Au mépris du corps des femmes. Le scandale des implants Essure. Capture d'écran de la couverture
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