Une lettre dénonce un "cyclone" d'expulsions à Villeurbanne

Le Collectif Lyonnais pour l'Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats (C.L.A.S.S.E.S) a envoyé mercredi une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron pour lui demander d'arrêter les évacuations de campements sans solution de relogement.

Le campement situé près du Transbordeur à Villeurbanne après son évacuation. © Henri Branciard

© Henri Branciard
Le campement situé près du Transbordeur à Villeurbanne après son évacuation.

"Monsieur le président de la République, vous ne pouvez arrêter ni Irma, ni Maria, mais vous avez le pouvoir d’empêcher ces cyclones de chez nous, déclenchés par des préfets, qui autorisent les démolitions de bidonvilles et laissent leurs habitants à la rue", peut-on lire dans la lettre ouverte envoyée mercredi par le Collectif Lyonnais pour l'Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats (C.L.A.S.S.E.S). L'association a souhaité faire court et imagé, "pour que l'information circule", selon Élisabeth Gagneur, vice-présidente du C.L.A.S.S.E.S.

"Elles ne gênaient personne"

Le campement situé près du Transbordeur à Villeurbanne avant son évacuation. © Henri Branciard

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Le campement situé près du Transbordeur à Villeurbanne avant son évacuation.

La lettre ouverte dénonce notamment l'évacuation le 13 septembre du campement situé à côté du Transbordeur à Villeurbanne. "Nous ne sommes pas favorables à ce que les personnes vivent sous des tentes ou dans des cabanes, souligne Élisabeth Gagneur. Par contre, c'est beaucoup mieux que d'être dehors dans la rue. Puis, elles ne gênaient personne. Si le préfet n'avait rien à leur proposer, il n'avait qu'à les laisser ici. Elles pouvaient se chauffer dans leurs cabanes, faire la cuisine et partir la journée en laissant un cadenas sur la porte, quand ils allaient chercher du travail, faire la manche ou s'occuper de leurs démarches administratives." Ne sachant pas où se trouvent désormais les familles, la vice-présidente du C.L.A.S.S.E.S. déplore l'impossibilité pour les associations d'assurer un suivi. "On vient de nous communiquer les affectations dans les établissements scolaires mais nous ne pouvons pas leur donner", regrette-t-elle.

Le campement situé près du Transbordeur à Villeurbanne avant son évacuation. © Henri Branciard

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Le campement situé près du Transbordeur à Villeurbanne avant son évacuation.

La préfecture, quant à elle, répète que l'évacuation du campement correspond à "l'exécution d'une décision" prise par le Tribunal de Grande Instance de Lyon le 15 mai 2017. Et d'ajouter : "Nous n'expulsons pas parce que nous avons envie d'expulser. La Métropole de Lyon, propriétaire du terrain, prévoit de faire des travaux et avait donc saisi la justice."

La préfecture indique que "145 personnes de nationalité roumaine dont 93 adultes et 52 mineurs étaient présentes sur les lieux" lors de l'évacuation du campement le 13 septembre. Rappelant que les familles partent parfois avant, Élisabeth Gagneur, elle, avance le chiffre de 200 à 250 personnes. La préfecture précise qu'à la suite d'un diagnostic social, neuf familles — 17 adultes et 22 enfants — "identifiées comme des personnes vulnérables avaient été mises à l'abri dans des structures d'hébergement d'urgence".

Mais Henri Branciard, membre du C.L.A.S.S.E.S., parle, dans un e-mail envoyé jeudi au préfet du Rhône, d'une femme rencontrée dans la rue mardi alors qu'elle faisait partie des familles concernées. "La jeune maman m'a indiqué qu'elle avait été obligée, avec son compagnon et son bébé, de quitter l'hôtel [où ils étaient hébergés], affirme-t-il. J'ai aussitôt appelé le 115, [numéro d'urgence sociale], qui m'a confirmé que l'hébergement avait été proposé pour une durée de onze jours et que maintenant il n'y avait plus de place pour cette famille." Et de qualifier "la mise à la rue de nombreuses [personnes]" de "scandale". La préfecture affirme qu'elle recherche une solution pour la famille citée et que "l'hébergement d'urgence connaît actuellement une situation de saturation malgré la multiplication par deux des places en quatre ans".

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