Avec la baisse des températures conjuguée à une diminution de la protection liée à la vaccination, l’épidémie de Covid-19 revient sur le devant de la scène à l’approche des fêtes de Noël. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et le Rhône "tous les indicateurs augmentent".
Après avoir connu une courte accalmie au début de l’automne, l’épidémie de Covid-19 repart de l’avant depuis plusieurs semaines et "tous les indicateurs augmentent", nous confiait il y a quelques jours le docteur Anne-Sophie Ronnaux-Baron, responsable du pôle régional de veille sanitaire. Dans son dernier point hebdomadaire publié le 1er décembre, Santé Publique France note que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes "les taux d’incidence, de dépistage et de positivité augmentent dans tous les départements". "Les indicateurs hospitaliers, c’est-à-dire les nouvelles hospitalisations et le nombre de personnes hospitalisées pour covid, les actes de SOS médecin, les passages aux urgences et les cas dans les établissements de santé ESMS [maison de retraite médicalisée, NDLR] augmentent également", abonde le Dr Ronnaux-Baron.
Tous les indicateurs en hausse
Concrètement, le nombre de nouveaux cas positifs enregistrés au cours des sept derniers jours dans les 12 départements de la région est de 44 034, soit une augmentation de +44% par rapport à la semaine dernière. Sur la seule journée du 28 novembre, 3 607 nouveaux cas positifs étaient ainsi recensés dans le Rhône, particulièrement touché par ce rebond de l’épidémie. Au niveau hospitalier, en date du 29 novembre plus 2 000 personnes étaient hospitalisées pour COVID-19 dans la région, soit une évolution de 9%, et 120 patients se trouvaient en soins critiques, dont 64 en réanimation.
Jusqu’ici très scruté pour suivre l’évolution de l’épidémie à un instant T sur le territoire, le taux d’incidence, qui mesure le nombre de cas positif pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours, n’est plus aussi fiable qu’auparavant en raison de la grève de certains laboratoires de biologie médicale qui réalisent des tests PCR. De quoi masquer l’avancée réelle de l’épidémie ? "Non je ne pense pas, estime Anne-Sophie Ronnaux-Baron. L’incidence, ça ne fait pas tout et on arrive encore à accéder à un certain nombre de données concernant le nombre de personnes testées positives à partir des tests antigéniques".
"Il y a une diminution de la protection liée à la vaccination Covid c’est clair", Dr Anne-Sophie Ronnaux-Baron
Avec une hausse de "tous les critères liés à l’épidémie" ces dernières semaines, le spectre du Covid-19 plane de plus en plus sur les fêtes de fin d’année, pour autant il est difficile de savoir si l’épidémie va s’accélérer dans les prochaines semaines. "C’est tout à fait prévisible", explique le Dr Ronnaux-Baron,"la situation est préoccupante".
Les raisons d’une 9e vague
Lundi, Brigitte Autran, la présidente du Covars (l'organisme qui a succédé au Conseil scientifique), refusait de trancher pour le moment entre "rebond" ou "nouvelle vague". Toutefois, pour certains experts il n’y a pas de doute "une neuvième vague est en train de se former en France et plus généralement en Europe, en Asie du Sud-Est, et en Amérique du Nord", confiait à l'AFP l'épidémiologiste Antoine Flahault. Mardi, à l’Assemblée nationale, la Première ministre Élisabeth Borne parlait elle aussi d’une "nouvelle vague" qui "nous rappelle que l’épidémie n’a pas disparu, le virus tue encore et frappe encore".
Alors, comment expliquer cette reprise après l’accalmie toute relative du début de l’automne ? "Il y a une diminution de la protection liée à la vaccination Covid c’est clair. Il y a probablement aussi un relâchement très net des mesures barrières, notamment dans les transports en commun et dans le cadre de rassemblements. Tous ces facteurs contribuent à la hausse du nombre de cas de covid et à l’augmentation des indicateurs", explique la responsable du pôle régional de veille sanitaire.
Une nouvelle campagne de vaccination
Depuis le 3 octobre, une nouvelle campagne de vaccination est donc ouverte aux personnes âgées de plus de 60 ans, aux résidents des EHPAD, aux personnes immunodéprimées, à celles qui souffrent de comorbidité aux femmes enceintes et à toutes les personnes qui travaillent dans des établissements de santé et médico sociaux. "C’est une nouvelle dose de rappel qui est proposée", précise le Dr Ronnaux-Baron qui appelle toutes les personnes citées précédemment à se refaire vacciner. "Certaines personnes qui ont eu un schéma vaccinal complet avec des doses de rappel pensent qu’elles sont protégées et qu’elles n’ont pas besoin de se refaire vacciner. Eh bien non, il faut continuer à vivre avec ce vaccin covid", insiste-t-elle.
"Certaines personnes qui ont eu un schéma vaccinal complet avec des doses de rappel pensent qu’elles sont protégées et qu’elles n’ont pas besoin de se refaire vacciner", Dr Anne-Sophie Ronnaux-Baron
L’occasion aussi de se faire vacciner contre la grippe, alors que l’épidémie est déclarée en France et que ses symptômes peuvent parfois être confondus avec ceux du Covid. "Le diagnostic différentiel n’est pas facile", reconnaît d’ailleurs la médecin qui préconise donc de faire des tests en cas de doute. Un mal de gorge, de la toux, de la fatigue, des maux de tête et de la fièvre doivent faire penser au Covid. La grippe, elle, se traduit plutôt par des douleurs articulaires et de la fièvre.