Depuis le 21 septembre, le Sytral a lancé une consultation autour de l'avenir du métro à Lyon. 4 projets de prolongation ou de nouvelle ligne sont soumis à la concertation. L'heure du choix approche... Décryptage.
Le Sytral a lancé depuis le 21 septembre, et pour trois mois, "une consultation pour garantir l'intérêt général sur le développement futur du réseau métro".
En résumé, une question assez simple : faut-il encore développer le métro à Lyon ? Et où ?
Lire aussi : Une nouvelle ligne de métro, ou pas, dans la Métropole de Lyon : les écologistes avancent "masqués"
4 projets de prolongation ou de nouvelle ligne sont soumis à la consultation :
- la prolongation du métro A vers Décines-Meyzieu (coût selon le Sytral d'environ 1,6-1,7 milliard d'euro, avec 50 000 voyages/jour)
- la prolongation du métro B vers Caluire-Rillieux (coût de 2,2 à 2,7 milliards d'euros, avec 70 000 voyages/jour)
- la prolongation du métro D vers La Duchère (coût 1 à 1,2 milliard d'euro, avec 40 000 voyages/jour)
- la création d'une ligne E vers Lyon 5e - Tassin (coût 1,5 à 2 milliards d'euros, avec 100 000 voyages/jour)
Décision du Sytral début 2022
Différents ateliers sont proposés aux habitants depuis fin septembre. La consultation entre dans sa dernière ligne droite. Ce mardi soir, le 30 novembre, un atelier sur le thème "Des métros pour quelle métropole en 2040 ?" est proposé en présentiel à l'espace Tête d'Or. Un autre jeudi soir, le 2 décembre, sur le thème "Des alternatives possibles aux projets de métro ?", toujours à l'espace Tête d'Or.
Un forum de clôture est ensuite proposé le jeudi 16 décembre à la maison des jeunes et de la culture à Villeurbanne. Toujours en présentiel. Pour s'inscrire, rendez-vous ici. Ensuite, au début de l'année 2022, le Sytral va prendre sa décision. Et décider s'il met en route aucun, un, ou plusieurs projets de métro à Lyon.
"Je suis encore dans l'interrogation", clamait en octobre Bruno Bernard, le président du Sytral
Pour l'instant, bien malin celui qui est capable de dire quelle sera la décision du Sytral en 2022. Car les écologistes sont souvent accusés par l'opposition d'avancer masqués sur le sujet. Et aussi divisés. Bruno Bernard, le président du Sytral et de la Métropole de Lyon, expliquait début octobre ne pas avoir d'avis tranché sur le métro. "Sur le métro, je n'ai pas le même niveau de conviction, c'est aussi simple que ça. Je suis ouvert. Je suis encore dans l'interrogation", soulignait-il. Des interrogations à retrouver ici.
Pendant toute la concertation, Lyon Cap' a donné la parole à différents intervenants sur les projets. Notamment dans nos émissions 6 minutes chrono.
A l'est, les villes de Décines et de Meyzieu ont notamment lancé une pétition en faveur de la prolongation du métro A à l'est. De manière générale, ils mettent en avant le fait que "l’Est lyonnais est en plein essor" et qu’"il convient de prendre en compte une croissance de la population et des emplois à l’horizon 2030, ainsi que la présence d’équipements de grande envergure tels que le Groupama Stadium, la salle Arena et l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry". Hélène Geoffroy, la maire socialiste de Vaulx-en-Velin, est également complètement favorable à la prolongation du métro A. La pétition, boostée par l'OL, recueille 4500 signatures ce 30 novembre.
"Le métro E, on le fera sans doute...", lâche Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président du Sytral
Sur le plateau-nord, les maires de Caluire et de Rillieux défendent également ardemment la prolongation du métro B au nord vers Caluire-Rillieux.
A l'ouest, la mobilisation est également forte pour la création de la ligne E jusqu'à Tassin. Au cours du débat sur le téléphérique la semaine dernière, interpellé par la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon Véronique Sarselli, le vice-président du Sytral et de la Métropole de Lyon Jean-Charles Kohlhaas a expliqué "le métro E, on le fera sans doute". Un débat à retrouver en intégralité ICI.
"Le métro E, on le fera sans doute" révèle @JCKohlhaas, le vice-président du Sytral sur @lyoncap
cc @@SYTRAL_RHONE @PhilippeCochet @AlexVincendet @FautraLaurence @AnthonyFaure pic.twitter.com/9T5xXrxijU— Lyon Capitale (@lyoncap) November 23, 2021
La création d'une ligne E de métro à Lyon est également vivement souhaitée par la maire écologiste du 5e arrondissement de Lyon, Nadine Georgel. Cette dernière se confiait à Lyon Capitale mi-novembre : "La position de l'équipe du 5e arrondissement n'a jamais changé. Au début de l'été (2021), nous avons voté un voeu au niveau du 5e pour réitérer cette préférence pour le métro E. Nous n'avons jamais varié sur le sujet dans le 5e. Notre avis a toujours été très clair. Bruno Bernard et le Sytral connaissent très bien notre préférence, sans le moindre doute".
Nadine Georgel ajoute : "On sait qu'il y a des besoins extrêmement importants dans le 5e. Après la question c'est "est-ce que le métro E est la meilleur manière d'y répondre ? "Il y a un fort consensus, une forte attente. On s'inscrit dans ce consensus mais en ayant aussi conscience que le choix au vu des coûts, des délais, ne s'inscrit que dans un contexte métropolitain".
"Il y a deux lignes qui se dégagent : la ligne B et la ligne E", Grégory Doucet, le maire de Lyon
On a moins entendu le maire de Lyon sur le sujet. Grégory Doucet expliquait à Lyon Capitale mi-novembre : "Ma position, ce qui m'importe, c'est de regarder quels sont les effets en matière de report modal. L'un des enjeux que l'on a, c'est bien évidemment de permettre à des gens qui sont aujourd'hui piégés dans leurs voitures, qui sont obligés de prendre leur voiture, de leur offrir l'opportunité de pouvoir prendre un transport en commun fiable, sécurisé, confortable. C'est essentiellement ce critère-là pour moi qui est important".
Et le prix, très élevé pour une prolongation ou création de ligne de métro à Lyon ? "On a rien sans rien, il faut être clair. On parle de projets d'investissement sur 10 à 15 ans. On l'aura pas demain bien évidemment le métro, il faut avoir ça en tête, d'où l'intérêt de penser à d'autres formules. Mais il faut aussi voir le nombre de personnes qui sont transportées. 2 milliards d'euros (le budget d'une ligne de métro) certes c'est important, mais combien de dizaines de milliers de personnes pourront ensuite fréquenter et utiliser ces métros par jour, par semaine ? On regarde où il y a potentiellement le plus de monde, le report modal... Il y a deux lignes qui se dégagent plutôt, quand on commence à regarder ces critères-là, il y a la ligne de Rillieux (la ligne B) et la ligne E. C'est pour moi ces deux lignes-là qui sont les plus intéressantes et les plus structurantes pour la Métropole de Lyon", conclut Grégory Doucet, le maire de Lyon, également conseiller de la Métropole de Lyon.
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POUR ALLER PLUS LOIN
Retrouvez plusieurs de nos émissions "6 minutes chrono" consacrées aux projets de prolongation de métro :
Christophe Quiniou, le maire de Meyzieu, sur la ligne A :
Michel Rantonnet, le maire de Francheville, sur la ligne E
Philippe Cochet, le maire de Rillieux, sur la ligne B
Lire aussi : Une nouvelle ligne de métro, ou pas, à Lyon : Bruno Bernard n'a pas d'avis tranché, il s'explique
"Le métro E, on le fera sans doute...", lâche Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président du Sytral. CQFD !
"Le métro E, on le fera sans doute...", lâche Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président du Sytral. !!!!!!!!!!!!
La ligne E la plus controversée, la seule atteignant les 100 000 voyages/jour et pas la + chère ! Les verts sortiraient-ils/elles de l'enfance téléportée !
Bonjour,
Vous avez je crois participé, Anthony Faure, à cet atelier du 30 novembre et vous aurez peut être noté qu'il a servi aux citoyens présents à dégager, à défaut de priorité absolue sur un des secteurs, plutôt le sentiment que deux de ces secteurs n'ont pas urgemment besoin d'une desserte par le mode lourd métro.
Vous avez peut être aussi lu les deux articles consacrés au thème par votre confrère du magazine "Nouveau Lyon" dans son numéro de décembre, où le vice président Jean Charles Kohlhaas dit à la fois son souhait de desservir les quatre secteurs dans des délais raisonnables (du point de vue de la capacité d'attente des Grands Lyonnais) et l'incapacité du SYTRAL à les réaliser en moins de 50 ans sous la forme métro sur pneus et souterrain.
Or on semble être, presque au bout de cette consultation de trois mois, dans une configuration où chacun veut se persuader que "hors métro, point de salut" et que son secteur sera le premier desservi. Sans trop se préoccuper de ce qu'il faudrait faire si cela n'arrive pas. Une configuration également ou chacun aurait, par un improbable coup de chance, une station près de chez lui et une autre près de sa destination principale.
Des élus locaux des divers secteurs pratiquent eux une sorte de surenchère, et agissent comme le ferait des VRP qui doivent placer leur produit face à celui des concurrents.
Quand Emmanuel PERRIN du CEREMA a fait sa présentation avant les ateliers en petits groupes, on a vu à l'écran des plans schématiques des métros de quelques villes. Ce que le schéma ne montrait pas, c'est la proportion parfois importante des sections non souterraines de certains de ces réseaux (Oslo, Norvège, par exemple : http://www.urbanrail.net/eu/no/oslo/oslo.htm ).
Quand on sort des zones très denses, les tunnels et les stations profondes ne sont plus viables, leur coût de construction obère la "rentabilité" non seulement financière, mais même sociale et urbaine de long terme.
Or dans le même temps, la moindre densité permet souvent d'avoir un système circulant en surface.
Sans que cela ressemble pour autant au tramway circulant au ralenti rue de Marseille ou rue Servient.
Et quand on construit en surface, on peut aussi réaliser, chacune coûtant bien moins cher, plus de stations, et desservir mieux les quartiers.
C'est un thème abordé lors d'un atelier institutionnel de la ligne B le 4 octobre : https://static.destinations2026-sytral.fr/uploads/decidim/attachment/file/235/CPM21-_Atelier_Insti_Ligne_B_-_211004_VDEF.pdf
Au cours de ce débat local a été émise entre autres, l'idée que "la desserte de la Place du Maréchal Juin entre la Ville Nouvelle et le centre-bourg permettrait un meilleur équilibre pour la desserte de l’ensemble de Rillieux" .
Qui peut affirmer sans rire qu'une station peut desservir tout Rillieux ? Un élu avec une voiture de fonction peut être, mais sûrement pas l'employé mal payé qui devra faire le reste du trajet à pied ou en attendant parfois longtemps la correspondance avec un bus.
Le prochain atelier du 2 décembre devrait voir aborder les alternatives au métro, entrant dans une enveloppe budgétaire plus modérée, et qui permettrait de construire plus de lignes, dans un temps moindre. Oslo encore, avec une population du même ordre Lyon, possède un réseau de 85 km et 101 stations; dont les 4/5èmes sont en surface.
Un tel exemple fournit des pistes pour une réflexion et un mode d'agir dont pourront profiter tous les habitants, qu'ils soient à l'est, au nord, à l'ouest ou au nord-ouest.
Même si le principe de la concertation est louable et nécessaire, je trouve que le fait de "mettre en concurrence" 4 projets conduit de fait une compétition malvenue dans la mesure où chacun ne juge qu'en fonction de la satisfaction de ses besoins.
Mais le pire c'est que manifestement on oublie de dire ou de faire prendre conscience qu'une mise en œuvre n'interviendra dans un avenir lointain voire très lointain.
Dans l'intervalle comme rien n'est a priori prévu, l'insatisfaction sera grandissante.
Je m'interroge de plus en plus sur les moyens d'amélioration prévus pour satisfaire plus rapidement les besoins non satisfaits à l'heure actuelle.
Pourquoi le SYTRAL ne consulte que sur des projets qu'il a étudié et qu'il juge nécessaires en ne demandant jamais aux habitants d'exprimer leurs besoins non satisfaits en amont ?
Peut être n'avez vous pas vu le cahier de consultation n° 2 ?
https://static.destinations2026-sytral.fr//uploads/decidim/attachment/file/254/Sytral_Dossier_de_consultation-n2_BDissuHD5.pdf
Crdt
Je suppose que votre message est une réponse au mien.
Effectivement je n'ai pas vu les cahiers de consultations dans la mesure où j'habite dans une commune très éloignée des 4 projets. Dès lors je n'ai pas pris le temps de lire des documents ni de participer à ces consultations puisque mes demandes / propositions concernent avant tout l'amélioration des mobilités qui me concernent.
Merci de me dire en quoi la lecture de ce document pourrait apporter des réponses à mes propos.
Oui, @Pije, c'est à vous que le message s'adressait. Qu'aurais je eu à répondre à l'autre lecteur ?
Vous reprochiez la "mise en concurrence" de 4 projets [qui] conduit de fait à une compétition malvenue dans la mesure où chacun ne juge qu'en fonction de la satisfaction de ses besoins :
Le document en lien essaie d'enrichir la réflexion pour sortir de ce "concours à qui mériterait la plus grande" (à défaut de l'avoir déjà)
Ce document dit aussi à maintes reprises, ou tente de faire prendre conscience qu'une mise en œuvre n'interviendra que dans un avenir lointain voire très lointain (vrai pour le premier secteur qui serait servi, encore plus pour les trois autres)
Le document évoque aussi des pistes (p. 63 et suivantes) sur ce qui peut se faire, pas forcément "dans l'intervalle" mais plutôt à la place (de quatre métros mis en service dans 13, 26, 39 et 52 ans) pour
"satisfaire plus rapidement les besoins non satisfaits à l'heure actuelle".
Vous vous demandez pourquoi le SYTRAL ne consulte que sur des projets qu'il a étudiés et qu'il juge nécessaires en ne demandant jamais aux habitants d'exprimer leurs besoins non satisfaits en amont :
Cela fait des décennies que des habitants, individuellement ou en groupe, expriment des besoins, sous forme de courriers directs ou en transitant par leur Maire, de prises de paroles, de rendez vous obtenus avec les décideurs, de communiqués de presse, et aussi, tout simplement, en saturant les TC dont ils disposent déjà (la demande dépasse l'offre) ...
Les personnels techniques du SYTRAL piochent dans la masse de ces demandes celles qui reviennent le plus fréquemment, qui paraissent "raisonnables" (réclamez le métro E à Vaugneray ou à l'aéroport Saint Exupéry, le métro B à Solaise, votre courrier ira dans le dossier des demandes saugrenues). Ils étudient de façon plus ou moins poussée le moyen de répondre à la demande. Après les élections, les élus font un peu leurs courses parmi ce qui est sur l'étalage pour établir un Plan de Mandat.
Si plus prosaïquement vous faites remonter par votre Maire une demande d'amélioration du service de bus qui vous concernerait, et si ce Maire est bien placé auprès des dirigeants des "centraux", vous aurez un peu plus de chances d'être écouté.
A condition qu'il n'y ait pas des gens 5 fois plus nombreux que vous même qui demandent plutôt un élargissement de voirie ou un parking relais, ou rouspètent contre le bruit de l'autobus dont le conducteur laisse tourner le moteur au terminus, ou râlent même contre le passage de cet autobus parce qu'il faudrait supprimer le stationnement devant chez eux pour que le dit bus passe plus facilement.
Bon, là, je vous parle du SYTRAL. Si vous êtes utilisateur insatisfait d'un TER, vous pouvez tout de suite aller vous acheter un violon et l'installer dans vos toilettes : même les Présidents de Régions les plus forts en gueule ont du mal à obtenir un service convenable de la Sncf.
Crdt
Merci Bernard G. pour votre réponse
Elle donne des informations introuvables par ailleurs comme par exemple le fait que les projets ne peuvent se faire que l'un après l'autre. Dès lors la logique de compétition est bien réelle entre les 4 projets.
Ma question sur quoi faire dans l'intervalle pour satisfaire les besoins est bien occultée comme si le métro ne servait que pour des besoins qui arriveront après sa mise en service.
Vos informations sur comment faire une demande et comment elle est prise en compte ou non sont fort instructives.
En clair si on habite une petite commune hors du centre de la métropole, nous sommes considérés comme moins importants que les habitants du centre de la métropole.
C'est bien ce que l'on ressent je vous le confirme.