Grand reporter à Charlie Hebdo, Laurent Léger n’a pas participé à la grande marche républicaine de dimanche dernier. L’homme se réjouit du soutien populaire mais dénonce les récupérations politiques.
Le jour de la grande marche républicaine, j’écrivis quelques lignes afin d’expliquer pourquoi, en tant que lecteur assidu de Charlie Hebdo, je n’irais pas marcher. J’ai été vraiment stupéfait, je dois le reconnaître, par le nombre de courriels reçus à la suite de cet article. Je me suis dit qu’on avait touché là quelque chose de juste, qui, bien entendu, n’interdisait ni la peine ni la compassion, mais n’interdisait pas non plus la réflexion et la lucidité, bien au contraire.
La classe politique – président de la République et Premier ministre en tête – ont trouvé les mots justes pour se hisser à la hauteur de l’immense mobilisation citoyenne. Malek Boutih, député PS de l’Essonne, a quant à lui fait preuve d’un grand courage et d’une grande lucidité en posant les vrais problèmes, sans la novlangue habituelle. Feu de paille ou début d’une ère nouvelle, nous le verrons bien.
“Bientôt, on sera seuls”
Lundi soir, Laurent Léger était l’invité de l’émission C à vous sur France 5 (à revoir ci-dessous), au cours de laquelle il est revenu sur la mobilisation exceptionnelle à travers toute la France. “C’était très compassionnel, très émouvant. C’était bien d’être soutenu. J’ai presque regretté de ne pas y être allé… C’étaient surtout les anonymes qui m’ont fait chaud au cœur. Mais pour moi ça aurait été mieux de ne pas participer à cet élan qui était très, très politique. Et nous on ne veut pas participer à ce mouvement politique”, dit Laurent Léger, qui n’avait “pas envie de serrer la main des ministres”.
"C'était aussi le bal des faux-culs aussi" pour... par puremedias
Malgré ça, le grand reporter de Charlie Hebdo a aimé la mobilisation, l’émotion qu’elle a suscitée et le réconfort qu’elle lui a apporté. “C’est pour ça que je ne vais pas jeter la pierre à cette marche, avoue-t-il. Mais c’était le bal des faux-culs, aussi. Il y avait des gens qui n’appliquent pas la liberté dans leur propre pays et qui étaient là pour défiler avec nous. Ils n’avaient pas leur place là.”
“Une actu chasse l’autre. Bientôt, on sera seuls à nouveau, je crois. C’est comme ça. On le sait. On en rit aussi. Tout soutien est bon à prendre, mais on est très lucides sur comment ça va se passer”, conclut Laurent Léger.