Université Lyon 2 : enquête sur une convention non validée

Le directeur de l'institut de la communication a permis à des étudiants guadeloupéens d'être diplômés de Lyon 2, sans accord avec l'université. Jean-Luc Mayaud, président de Lyon 2, s'explique.

"J'ai été trompé autant que les étudiants ont été trompés", estime Jean-Luc Mayaud, président de l'université Lumière-Lyon 2. Depuis ce jeudi, l'établissement universitaire est dans la tourmente. La raison ? La révélation d'une convention irrégulière délivrant des diplômes de Lyon 2 à des étudiants de l'I2M Sup de Co de Pointe-à-Pitre.

L’enquête interne du président de l’université

Ainsi, une cinquantaine d'élèves ont suivi une formation présentée et vendue (environ 4 000 euros) comme étant en partenariat avec l'université. Or, aucune convention de ce type n'a été acceptée par les instances décisionnelles. "Oui, ce projet a été discuté, mais au printemps 2011 la coopération avec cette école a été rejetée. Le texte qui vaut soi-disant convention n'a été signé que par le directeur de l'institut de communication [Icom] et lui seul", souligne Jean-Luc Mayaud. Ce qui ne donne aucune légitimité à cette coopération.

C'est en découvrant, il y a cinq mois, le site Internet de l'école privée, dans lequel elle se prévalait de desservir des diplômes en lien avec l'établissement Lyon 2, que Jean-Luc Mayaud décide de mener sa petite enquête. Outre le fait qu'il ne retrouve aucune trace de cette soi-disant convention, il apprend que le directeur en cause allait régulièrement enseigner à Pointe-à-Pitre sans autorisation de déplacement. Il décide alors d'écrire au directeur de l'école guadeloupéenne, qui reconnaît que leur collaboration "n'est pas encore encadrée par une convention en bonne et due forme et que les modalités de la convention n'ont pas été validées". Après la procédure interne, le président de l'université entame la procédure judiciaire.

Une possible complicité ?

Ainsi une cinquantaine d'élèves de la promotion ont été inscrits et diplômés de Lyon 2, sans jamais avoir suivi de cours, ni passé les examens de l'université. Mais alors, comment cela est-il possible ? "Les inscriptions doivent être acceptées par les composantes (ici l'Icom). Ils sont ensuite automatiquement inscrits par les établissements, car nous nous appuyons sur ce que disent les composantes", explique Jean-Luc Mayaud.

Pour ce qui est de la validation des examens, le président de l'université laisse échapper le mot de "complicité". "Il y a un jury obligatoire qui est mis en place par le président de la composante pour valider les diplômes. Dans ce cas-là, tous les diplômes ont été signés par le président du jury qui atteste de la validation", admet-il.

Convention irrégulière oui, faux diplômes non

Mais une chose est sûre : "Ce ne sont pas des faux diplômes", tient à rappeler le président de l'université. Les élèves étant inscrits, les diplômes signés régulièrement par un jury, leur validité n'est pas à remettre en cause. Simplement, ces diplômes n'auraient pas dû être décernés, puisque aucune convention ne les autorisait.

"J'ai un sentiment de surprise, de colère et de dégoût, avoue Jean-Luc Mayaud. Ce n'est déjà pas facile d'être reconnu, et avec ça, tout va être remis en cause. Cette affaire dégrade l'image de Lyon 2." Mais, en plus de porter atteinte à l'université, cela est d'autant plus préjudiciable pour les étudiants lésés. Afin de ne pas les pénaliser ni brader leurs diplômes, l'université a décidé d'organiser des examens en septembre. "Ils viendront aux frais de l'établissement de Pointe-à-Pitre", déclare-t-il.

Qu'en est-il des deux directeurs mis en cause ? "Pour le directeur de l'école guadeloupéenne, je verrai si je porte plainte contre lui pour diffamation. Pour ce qui est du directeur de la composante de Lyon 2, une instruction est en cours. Le conseil disciplinaire se réunira également en septembre pour décider d'éventuelles sanctions", explique Jean-Luc Mayaud. Il risque la révocation.

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