USA : la “House of horror” relance le débat sur l’avortement

Le docteur Gosnell vient d’être condamné pour le meurtre de trois bébés viables lors d’avortements. Un cas qui enflamme un débat déjà sensible aux États-Unis.

Alors que l’Espagne envisage de revenir sur sa loi concernant l’avortement, aux États-Unis le débat fait rage. Et ce n’est pas l’affaire du docteur Gosnell qui va calmer le jeu. Ce médecin de 72 ans pratiquait des avortements tardifs dans une banlieue pauvre de Philadelphie, où la limite légale pour avorter est de 24 semaines. Kermit Gosnell a été reconnu coupable d’avoir tué trois nouveau-nés en sectionnant leur moelle épinière avec une paire de ciseaux et d’homicide involontaire sur une patiente par overdose médicamenteuse.

La “maison de l’horreur”

L’affaire est on ne peut plus glauque. C’est une véritable “maison de l’horreur” que les enquêteurs ont découverte en entrant dans la clinique où officiaient le docteur Gosnell et son équipe. Des couvertures tachées de sang, des chats errants et faisant leurs besoins partout, des instruments médicaux sales, c’est dans cet environnement qu’ils travaillaient.

Du côté de la défense de Kermit Gosnell, on parle d’un homme qui aidait des jeunes femmes désespérées. Son avocat, Jack McMahon, a expliqué à la cour que les fœtus étaient mort-nés. Le médecin lui-même se décrivait, dans une interview à un journal local, comme une personne qui “voulait être une force positive pour sa communauté”.

À l’inverse, les enquêteurs ont parlé d’un fœtus de près de 30 semaines, et d’un autre qui a vécu 20 minutes avant d’être tué par un employé de la clinique. Des bébés qui étaient donc vivants et qui ont été tués par le docteur Gosnell ou l’un des membres de son équipe. Quatre de ses employés ont d’ailleurs plaidé coupable de meurtre et ont témoigné des conditions dans lesquelles se déroulaient les avortements.

Pro et anti-IVG s’emparent de l’affaire

Les anti-IVG américains se sont évidemment emparés de l’affaire. David O’Steen, du Comité national du droit à la vie, a expliqué que ce cas “a aidé plus de personnes à réaliser ce qu’est vraiment un avortement”. Le site afterabortion.org, résolument opposé à l’avortement, parle d’un cas “qui est la règle, pas l’exception”. Les activistes pro-life dénoncent une “industrie de l’avortement”.

Du côté des pro-avortement, on parle de ce cas comme d’une illustration de ce que devront affronter des jeunes femmes désespérées si l’avortement devient illégal. Ilyse Hogue, président du mouvement Naral Pro-Choice America, explique ainsi que “les politiciens anti-avortement et leurs efforts pour refuser l’accès aux femmes à un avortement sûr et légal conduira encore plus de femmes à se tourner vers des bouchers comme Kermit Gosnell”.

Après 10 jours de délibéré, le jury de la cour supérieure de Pennsylvanie a déclaré Kermit Gosnell coupable du meurtre de trois nouveau-nés et d’homicide involontaire sur une femme de 42 ans. Sa condamnation devrait être annoncée le 21 mai. Le médecin risque la peine de mort.

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