Après une première grève le 27 janvier, les personnels du Lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin affirment ne pas avoir été entendus par le rectorat. Ils annoncent une seconde grève le 9 mars, toujours pour réclamer plus de moyens pour la rentrée prochaine.
Le lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin compte 740 élèves (BTS compris). C'est 200 élèves de plus qu'il y a quatre ans. Pourtant professeurs et parents d'élèves ont appris début janvier que les moyens alloués n'allaient pas augmenter à la rentrée prochaine. Conséquence de cela, les classes de seconde, qui étaient auparavant limitées à 30 élèves, pourront atteindre 35 personnes.
Le lycée Robert Doisneau n'est pas classé "éducation prioritaire"
Cette situation n'a aucun sens pour les professeurs, qui pointent du doigt les difficultés particulières de leurs élèves. "Le public accueilli est fragile sur le plan scolaire et nécessite un accompagnement qualitatif et quantitatif approprié", explique Valérie Franc, enseignante au lycée Robert Doisneau. En effet, ce lycée recrute principalement ses élèves sur les quatre collèges de Vaulx-en-Velin classés REP+, le niveau le plus haut dans le dispositif d'éducation prioritaire.
Le lycée, lui, n'est pas classé éducation prioritaire, ce qui n'a pas empêché les professeurs de rejoindre le mouvement "Touche pas à ma zep". Ce mouvement fédère les lycées d'éducation prioritaire qui réclament des moyens supplémentaires. Les parents d'élève sont solidaires. M. Bagès, père de cinq enfants, tous passés par le lycée Doisneau, "mesure une dégradation par rapport à il y a quinze ans".
Que demandent les professeurs et parents d'élève du lycée ?
Déjà reçus au rectorat en décembre, les enseignants avaient tenté d'alerter sur la situation de leur lycée. Après avoir appris début janvier qu'aucun moyens supplémentaires ne leur seraient accordés, ils ont été reçus une deuxième fois, le 2 février. Aucune de leurs demandes n'a été prise en compte, ils prévoient donc une nouvelle grève le 9 mars.
Les professeurs revendiquent "des moyens suffisants pour garantir des conditions d'apprentissage sereines pour les élèves", c'est-à-dire une limitation des effectifs de classe en seconde, mais aussi une augmentation des postes de vie scolaire, le renforcement de la présence de l'assistant social et la limitation des effectifs globaux du lycée.
En effet, malgré le nombre croissant d'élèves, les personnels de vie scolaire n'ont pas augmentés. De même, l'assistant social n'est présent que deux jours par semaine. "C'est insuffisant compte tenu du public que nous accueillons", dénoncent les professeurs. Aucune réponse n'a pu être apportée à ces problèmes. Quant à la surcharge des classes de seconde, le rectorat propose de constituer 12 classes au lieu de 9, avec des effectifs à 27 au lieu de 35. Une solution qui ne convient pas aux professeurs, puisqu'elle implique de supprimer les dédoublements de classe mais aussi la présence d'un professeur tuteur, chargé d'accompagner les élèves dans leur apprentissage et leur orientation.
Un décalage entre le discours et la situation sur le terrain
M. Bagès, présent à l'audience, a été extrêmement déçu par cette rencontre : "On avait l'impression de parler à des gens assez distants. Ils ne nous ont donné aucune réponse, ils se satisfont du peu qu'ils nous donnent en plus." Le lycée Robert Doisneau reçoit 5% de plus en termes de dotation horaire globale par rapport à un lycée du centre-ville. Ce qui devrait suffire d'après le rectorat. Les enseignants et parents d'élèves dénoncent un discours aux antipodes de la pratique. "Le lycée fait partie du programme "pour l'amélioration de la réussite scolaire" mais nous n'avons pas les moyens nécessaires pour accompagner les élèves", critique Mme Franc.
"On nous dit qu'il n'y a pas de raisons que les élèves des classes populaires réussissent moins bien que les autres, continue-t-elle. Mais comment les faire réussir avec 35 élèves par classe ?" "Bien sûr les élèves doués s'en sortiront toujours, admet M. Bagès, qui a deux jumeaux en classe de terminale. Mais les autres sont défavorisés."
Les enseignants craignent que la situation ne fasse qu'empirer. "Le lycée a déjà atteint sa capacité maximale de fonctionnement, expliquent-t-ils. Où seront dirigés les collégiens les années à venir alors que les collèges du secteur explosent et qu'un cinquième collège verra le jour à la rentrée prochaine ?" Le personnel du lycée Robert Doisneau a demandé par deux fois une audience à la région mais n'a eu, à ce jour, aucune réponse.