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Vélos, auto, piétons à Lyon : la jungle urbaine

Avec l'afflux des cyclistes en ville, les pratiques urbaines ont changé. En parallèle, l'espace public n'a pas proprement évolué. Résultat, les rues se sont transformées en jungle urbaine où se trament au quotidien des logiques de confrontation, et où règne le chacun pour soi et les incivilités.

“Pour les élus, il est peut-être un peu compliqué de taper sur les vélos, quand leur discours est de dire que la ville doit appartenir aux vélos”, pointe sans détour Yves Crozet, professeur à Sciences Po Lyon, membre du Laboratoire d’économie des transports. Une observation qui fait écho aux Assises de la mobilité, lancées fin septembre par le Gouvernement, dont l’un des objectifs est de faire plus de place aux modes doux. Il semble effectivement délicat de sanctionner la “petite reine”, qui crée globalement peu d’insécurité et zéro pollution. “Il faut être honnête et reconnaître que la Ville de Lyon réprime très peu les cyclistes qui enfreignent le Code de la route, de peur de les stigmatiser et de nuire à leur image”, abonde Fabien Bagnon, président de La Ville à Vélo, la plus ancienne association lyonnaise de promotion du deux-roues. De la part d’un activiste pro-vélo, la confidence est plutôt rare. Impunité cycliste ? La Ville se défend de toute stigmatisation. En 2016, 167 cyclistes ont été verbalisés. Sur les 17 millions de trajets effectués à vélo cette même année, c’est peanuts (moins de deux infractions cyclistes relevées par mois et par arrondissement pendant l’année). Si les cyclistes sont sans commune mesure moins nombreux que les automobilistes (2 % contre 61 %), on pourrait penser, au vu du nombre de PV dressés, qu’ils sont plus respectueux du Code de la route. Il y a trois ans, une consultation nationale avait pourtant classé les cyclistes lyonnais comme étant les moins prudents : 82 % déclaraient rouler sur les trottoirs, 55 % griller les feux rouges, 53 % prendre des sens interdits et un peu moins de la moitié passer au stop sans s’arrêter1. Le sondage vaut ce qu’il vaut, mais il a le mérite de montrer une chose : les cyclistes (que nous sommes tous à un moment donné) ne sont pas si vertueux qu’ils veulent bien le faire entendre.

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