Vénissieux
©Tim Douet

Vénissieux "bastion de l'islam fondamentaliste"

En marge d'une grande enquête de terrain sur l'impact de la politique de la ville sur l'attractivité de huit quartiers prioritaires de France, la Cour des comptes pointe du doigt le “communautarisme religieux” des Minguettes, à Vénissieux.

Un encadré d'une soixantaine de lignes en forme de réquisitoire ferme sans concession pour la ville de Vénissieux. Après audition d'acteurs locaux et nationaux, les juges de la rue Cambon évoquent les "manifestations d'un communautarisme religieux" : impact de la célébration du ramadan dans un collège, refus de chanter dans un cours d'éducation musicale, argumentaire religieux sur certains sujets, méfiance idéologique. La Cour des comptes se base sur des documents du ministère de l'Intérieur qui rappelle que "depuis les années 1980, le quartier des Minguettes apparait comme un bastion de l’islam fondamentaliste et, plus largement, du repli communautaire musulman." Un service spécialisé de Beauvau complète en décrivant le quartier vénissian comme un "bastion du salafisme depuis les années 2000".

Même son de cloche rue de Bonnel : la préfecture du Rhône y mentionne un "islam de plus en plus rigoriste", questionnant "la place de la femmes et la mixité dans l'espace public".

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L'alerte des services municipaux vénissians

À Vénissieux, l'exposé des services de la ville est également sans appel. Sont pointés "des problèmes de comportement, la promotion d’un autre mode de vie, la multiplication des incidents quotidiens, un phénomène d'entre soi sur une base religieuse, sans respect du cadre culturel (refus de serrer la main) ; une marginalisation progressive des femmes, un nombre croissant ne sortant plus, les espaces publics se vident, une présence des hommes oppressante ; deux écoles désertées lors d’évènements religieux, le poids du ramadan de plus en plus fort chaque année, des certificats religieux pour jeunes filles au motif d' "allergies au chlore", le boycott de toute information sur l'éveil de l’adolescence réalisé dans le cadre de la prévention par un infirmier, des épisodes de prières au sein d’un groupe scolaire."

Rapportés par la Cour des comptes, les propos de la ville de Vénissieux consacrent "l’existence d’une visibilité et d’une affirmation de l'identité religieuse musulmane (port du voile/djellaba, etc.)", prenant soin de préciser que cet habillement n'est pas celui traditionnel d'Afrique du Nord, d'où est originaire une population importante de la commune, mais "plutôt la résultante d'une mode récente issue du courant ultraconservateur Wahhabite d'Arabie Saoudite (…) (indiquant) l'influence de ce pays et de ce courant religieux via les télévisions satellitaires. Cette influence existe, bien que non majoritaire, avec son corollaire de pression sociale induite dans les quartiers."

Le rapport de la Cour des comptes conclut en rappelant la fermeture administrative, en 2015, d'un local technique ayant fait office de lieu de prière dans le quartier Pyramide, sur le plateau des Minguettes.

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Vénissieux : fermeture d'une salle de prière musulmane

Les stigmates de l'imam Bouziane

Dans "Le vrai pouvoir des salafistes à Lyon", publié en janvier 2016, Lyon Capitale relevait que dans la métropole, c'est surtout le "cheikh Abdelkader" qui a le plus essaimé. Bouziane (son patronyme), un imam originaire de Saïda, au Sud d'Oran, qui voulait juste vivre en France comme au VIIe siècle... pratiquant la polygamie, voilant entièrement ses femmes, mettant en garde contre les dangers du sexe et de la musique. L'homme a prêché vingt-cinq ans entre Villefranche-sur-Saône, La Duchère et Vénissieux. "Bouziane a fait du mal, expliquait alors le Conseil régional du culte musulman (CRCM). Ça a été un terreau fertile pour les salafistes." "C'est un travail d'un quart de siècle, une génération ! ajoutait le jeune imam modéré de la Duchère. C'est enraciné dans la tête des jeunes comme quoi l'islam de Bouziane est le seul et le vrai islam." À l'époque, pourtant, les représentants du culte musulman lyonnais juraient que l'homme n'était pas un activiste. "Son seul centre d'intérêt, c'était le Coran" se rappelait dans les colonnes de Lyon Capitale Kamel Kabtane, le recteur de la mosquée de Lyon. Il n'empêche. En avril 2004, interviewé par le mensuel Lyon Mag, "cheikh Bouziane" justifiait les châtiments corporels contre les femmes – tout en condamnant le terrorisme. L'imam était expulsé.

Aux Minguettes, les "enfants" d'Abdelkader Bouziane semblent avoir pris le relais d'un islam fondamentaliste.

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Pour aller plus loin : l'enquête "Le vrai pouvoir des salafistes à Lyon", publié en janvier 2016

Salafisme-Lyon Capitale

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