2012-06-04 13.10.25

Villeurbanne : réactions en chaîne après l'agression antisémite de samedi

Trois garçons juifs de 18 ans insultés et agressés à coups de marteau et de barre de fer près d'un collège juif samedi. Les réactions se multiplient à Lyon. Le maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, donnait une conférence de presse ce lundi midi.

Trois garçons juifs de 18 ans ont été agressés samedi 2 juin vers 19h, à Villeurbanne. Portant la kippa, les trois jeunes marchaient dans la rue Francis de Pressensé, près du collège juif Beth Menahem où certains membres de leurs familles respectives travaillent. C'est alors qu'ils ont été pris à partie par trois individus qu'ils connaissaient, selon plusieurs sources concordantes.

Ceux-ci ont proféré à leur encontre des insultes antisémites avant de s'éloigner, pour revenir avec d'autres camarades, équipés notamment d'une barre de fer et d'un marteau. Une dizaine d'individus a ainsi violemment tabassé les trois jeunes Juifs, dont 2 ont été blessés au crâne et 1 au bras. Ils ont été pris en charge à la clinique du Tonkin et en sont ressortis dans la nuit de samedi à dimanche. L'enquête pour retrouver les agresseurs est menée par le commissariat de Villeurbanne.

Une condamnation unanime

La nouvelle de cette agression clairement antisémite s'est répandue comme une traînée de poudre dans toute la France. Dans le Grand-Lyon, elle a été immédiatement condamnée par la classe politique et religieuse en particulier villeurbannaise. Jean-Paul Bret, maire de la ville, s'est dit "ému" et "indigné", souhaitant que les auteurs de ces violences ''répondent de leurs actes devant la justice''.

Le CRIF Rhône-Alpes (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a également fait part de ''son indignation et de sa colère''. ''Le Crif ne peut plus accepter qu’une partie de la population développe une haine meurtrière à l’égard de la communauté juive. Il demande instamment aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour faire cesser ces actes antisémites et de punir avec la plus extrême sévérité les auteurs de ces crimes quelque soit leur âge'' peut-on lire dans le communiqué envoyé par l'organisation.

Azzedine Gaci, recteur de la mosquée "Othmane" de la ville, ancien président du Conseil régional du culte musulman a quant à lui exprimé sa ''profonde compassion à la communauté juive de Villeurbanne.'' Il a exprimé son ''effroi'' et de sa ''consternation'', et ''condamne avec la plus grande fermeté ces actes odieux.''

Un parfum de récupération politique

Pascale Crozon, députée socialiste sortante de cette circonscription et candidate pour un 2nd mandat, s'est félicitée de ''la réaction rapide du gouvernement''. Elle a rappelé qu'à Villeurbanne, ''des efforts constants sont déployés tant par les responsables des cultes que par le tissu associatif, pour favoriser le dialogue entre les cultures (...)''. ''Nous ne laisserons pas la bêtise de quelques-uns menacer ce travail de fond, qui doit être salué'' conclut-elle dans son communiqué.

Idem pour Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et président du Grand Lyon, qui a évoqué le travail mené avec ''les responsables des différentes religions (…) pour que chacun puisse vivre dans la concorde et la solidarité.''

A l'inverse, du côté de l'UMP, on fustige la politique de la Ville et de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Attaquant sévèrement les projets de suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs et des peines planchers, Philippe Cochet, président de la fédération UMP du Rhône, a critiqué ''des mesures qui consistent à placer les droits des délinquants (plutôt que ceux des victimes) au cœur de notre système judiciaire''.

Emmanuelle Haziza, conseillère municipale et candidate UMP aux législatives estime que ''rien n'a été fait pour que la tranquillité et l’ordre public soient promus et préservés'' à Villeurbanne. Tout comme son président, elle préconise la mise en place de ''moyens techniques de vidéoprotection'' et de ''moyens humains que la mairie et la gauche locale refusent d’engager'' pour éviter que ce type d'agressions ne se reproduise.

Manuel Valls ''très attentif'' à l'enquête

Le maire de Villeurbanne n'a pas tardé à répondre à la candidate UMP, ce lundi midi, lors d'une conférence de presse. ''C'est un communiqué abjecte dont le but est d'instrumentaliser ce drame'', a déclaré Jean-Paul Bret. ''La vidéoprotection, ça ne protège en rien'' poursuit le maire, estimant que ''les témoignages humains'' sont beaucoup plus efficaces. En effet, contrairement à la ville de Lyon, Villeurbanne ne possède aucun système de vidéosurveillance dans l'espace public.

Au delà de cette polémique, le maire a mis en avant la diversité culturelle et religieuse de sa ville, souhaitant que cette agression ne donne pas ''l'image d'une ville en état de siège''. ''Il faut se garder de transposer ici le conflit israélo-palestinien'' tempère le maire, en tentant d'expliquer les probables motivations des agresseurs. Interrogé sur l'apparente recrudescence des actes antisémites depuis l'affaire Merah, Jean-Paul Bret a simplement répondu qu'il ne disposait d' ''aucun élément statistique'' pour confirmer une éventuelle hausse de ce type d'attaques.

Cherchant surtout à apaiser les esprits face aux déferlement de réactions, le maire estime que ''l'identification des agresseurs ne devrait pas être très difficile''. ''Le préfet Jean-François Carenco et Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, m'ont assuré être très attentifs à cette enquête'', a-t-il déclaré. Aucun déplacement du ministre n'est pour autant prévu à Villeurbanne. ''Sa présence immédiate sur site eût été un signe fort, auquel les victimes et leurs familles auraient été sensibles,'' a renchéri Philippe Cochet par voie de communiqué.

Le maire rencontre quant à lui les familles des 3 victimes lundi après-midi, en compagnie du directeur de cabinet du préfet.

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