Jean-Christophe Vincent, président du club de football de Lyon-La Duchère, est l'invité de 6 minutes chrono. Il présente les actions de son club contre les violences sexuelles et sexistes.
La Ville de Lyon a décidé de conditionner son aide aux clubs sportifs à la mise en place de formations contre les violences sexuelles et sexistes. Une mesure pour laquelle plaidait Jean-Christophe Vincent, président du club de football de Lyon-La Duchère, pionnier en la matière. "Un enfant sur sept en France, pendant qu'il est mineur au sein de sa pratique sportive, sera victime de violences sexuelles. Je ne pouvais pas imaginer que ça puisse se passer chez nous. Donc c'est la première chose qui qui qui nous a guidés dans la création de ce pôle. Mais bien évidemment, ça ne s'adresse pas qu'aux violences à l'interne du club et heureusement, on n'en a pas eu", explique-t-il. Une permanente du club accompagne les mineurs.
"Sur la première saison, elle a reçu 40 enfants, On en a 550. Il y en a dix qui ont dû faire l'objet d'un suivi pour différentes formes de traumatismes et trois qui ont dû faire l'objet d'un signalement au procureur. Les trois pour des violences intrafamiliales, dont deux à caractère sexuel. Ce qui est énorme parce qu'on voit que sans cet outil, ces enfants n'auraient pas parlé et seraient aujourd'hui toujours dans un contexte de violences intrafamiliales", poursuit Jean-Christope Vincent.
"Les instances du foot sont complètement à l'ouest"
Le président du club de football salue la décision de la ville de Lyon mais peste contre les dirigeants de son sport : "Les instances du foot sont complètement à l'ouest sur sur ça, sur ce sujet, parce qu'ils font deux ou trois trucs, ils ont l'impression d'agir alors qu'ils n'agissent pas. Une véritable action, c'est ce qu'a fait l'Église catholique après l'affaire Preynat où on va chercher les victimes 300 000 pour l'Église catholique, où il y a de l'indemnisation, où il y a de la formation derrière nous".
Retranscription intégrale et textuelle de l'entretien avec Jean-Christophe Vincent sur la formation contre les violences sexuelles et sexistes dans le sport
Lyon Capitale : Vous êtes le président du club de football de la Duchère. On vous a invité puisqu'on voulait revenir avec vous sur une décision qui a été annoncée par Grégory Doucet, le maire de Lyon, la semaine dernière. Il veut conditionner l'octroi des subventions aux clubs sportifs, à la mise en place de formations contre les violences sexuelles et sexistes. Il vous a plutôt cité en exemple, vous, le Club de la Duchère. Qu'est ce que vous avez mis en place dans votre club pour justement prévenir de ces violences là et qui pourrait servir de modèle à l'avenir puisqu'il veut finalement que Lyon soit un exemple en la matière ?
Jean-Christophe Vincent : En novembre 2021, on a mis en place un pôle de prévention de toutes formes de violences au club. Ça consiste en quoi ? C'est une permanente qui est là plusieurs jours par semaine et qui joue un rôle de médiatrice, un rôle d'accueil et d'écoute, un rôle d'orientation des jeunes, mais aussi qui fait de la formation en interne ou qui organise des formations avec des associations partenaires comme Colosse aux pieds d'argile ou ou L'enfant bleu. Elle accueille les jeunes qui vont lui être signalés par des éducateurs qui sont formés. Elle va les orienter vers les services de santé, vers les bons, vers les bons organismes. Assurer le suivi parce que vous savez que c'est très compliqué de trouver par exemple, des rendez vous chez le psychologue, d'autant plus quand on est dans un quartier comme La Duchère, elle va aider les familles et elle va faire cet accompagnement. En clair, sur la première saison, elle a reçu 40 enfants, On en a 550. Il y en a dix qui ont dû faire l'objet d'un suivi pour différentes formes de traumatismes et trois qui ont dû faire l'objet d'un signalement au procureur. Les trois pour des violences intrafamiliales, dont deux à caractère sexuel. Ce qui est énorme parce qu'on voit que sans cet outil, ces enfants n'auraient pas parlé et seraient aujourd'hui toujours dans un contexte de violences intrafamiliales.
Il y a des cellules qui sont à destination en interne sur ce qui se passe dans le club, c'est aussi sur ce qui se passe dans la vie de famille.
Qui, au départ nous a conduit à faire ça. C'était véritablement quand j'ai pris la présidence du club, que ça ne puisse pas se passer. Dans notre sport, il y a un fléau qu'est la pédocriminalité. Un enfant sur sept en France, pendant qu'il est mineur au sein de sa pratique sportive, sera victime de violences sexuelles. Donc moi c'est un truc, je ne pouvais pas imaginer que ça puisse se passer chez nous. Donc c'est la première chose qui qui qui nous a guidés dans la création de ce pôle. Mais bien évidemment, ça ne s'adresse pas qu'aux violences à l'interne du club et heureusement, on n'en a pas eu. Pour l'instant, c'est passé, c'est pas du tout le cas. Et plus les gens seront formés, il y aura de chances que ce soit le cas. Et puis ça ne s'adresse pas que les violences sexuelles, c'est aussi le harcèlement, le cyber harcèlement, la pression psychologique, etc. Nous, on est là, on a une population et on a une permanente qui est là pour faire le trait d'union entre cette population et les professionnels qui sont concernés, auxquels nos jeunes ou les familles de nos jeunes peuvent avoir des difficultés pour avoir un accès. Et au delà de ça, être dans un contexte bienveillant. Contexte Un club de foot, c'est une grande famille, un contexte qui permette de libérer la parole. Et c'est exactement ce qui s'est passé sur sur ces premières saisons.
Comment expliquer que le milieu du sport ait longtemps été aveugle ou en tout cas n'ait pas voulu regarder.
Comme c'est toujours le cas. Enfin, pour ce que je connais le mieux. Les instances du foot y sont complètement à l'ouest sur sur ça, sur ce sujet, parce qu'ils font deux ou trois trucs, ils ont l'impression d'agir alors qu'ils n'agissent pas. Une véritable action, c'est ce qu'a fait l'Église catholique après l'affaire Preynat où on va chercher les victimes 300 000 pour l'Église catholique, où il y a de l'indemnisation, où il y a de la formation derrière nous. Aujourd'hui, vous avez au sein d'une fédération un gars qui viole de gamines, comme dans la fédération de natation. Vous voyez pas un grand plan de formation fait derrière. Vous voyez, pas une grande enquête pour identifier si condamner, mais, mais, mais, mais, mais, mais, mais, mais tout le temps. En première instance, vous avez l'ancien président de de Bellecour Perrache qui a été condamné à neuf ans pour viols sur mineurs et détention d'images pédopornographiques. Voilà qu'est ce qui a été fait auprès auprès des comment on est accompagner, accompagner la victime ? Comment ont été informés les familles et les gamins ? Comment aujourd'hui il y a un plan de formation sur sur les éducateurs et c'est pas que les éducateurs. Le sujet c'est l'ensemble des parties prenantes d'un club, c'est les dirigeants, c'est le gars qui fait les frites, c'est l'intendance et tout le monde en fait, y a rien en fait, il n'y a rien et personne ne sent obligé de quoi que ce soit.
Donc le combat avec ce qui est proposé par la ville de Lyon, enfin ce qui est imposé plus que proposé par la ville de Lyon ou. D'ouvrir des formations dans chaque club qui va être subventionnée par la ville sur les violences sexuelles et sexistes. Est ce que ça vous paraît suffisant ou c'est simplement le premier pas ?
Alors d'abord, on est très content que le maire de Lyon, dans notre nom, notre ville et et ai suivi ce qu'on demande à l'ensemble aujourd'hui des têtes d'exécutifs dans des collectivités qui distribuent des subventions publiques aux clubs sportifs. Nous, on fait le tour à chaque fois qu'on en voit un, on lui dit Vous avez la possibilité d'agir, Ne dites pas que vous n'avez pas la possibilité d'agir. Ce qui compte, c'est les cordons de la bourse. Vous les détenez aujourd'hui. Vous distribuez des subventions qui sont quoi ? Qui sont le fruit des impôts ? Que payent les gens qui vous confient, qui confient au milieu associatif leurs enfants ? La moindre des choses, c'est que la protection de l'enfance soit assurée. Et Et aujourd'hui très clairement, qui est qu'on conditionne, qu'on dise Eh bien voilà, vous êtes président de club, je vous donne 100 de subventions, mais il y en a 20 qui doivent aller à la formation de l'ensemble des parties prenantes du club, et ça sera vérifié, et ça conditionnera le niveau de vos subventions l'année suivante. Pour moi, c'est c'est quelque chose de très simple à mettre en place qui devrait être une généralité. Donc la ville de Lyon ouvre. Ouvre la porte. La mairie de Paris s'est engagée aussi. La métropole de Lyon Centre s'engage aussi. Ça fait déjà un certain temps que ce que Bruno Bernard a mis ses services au travail sur sur. Sur ce sujet, je vais dire c'est c'est ce sont de c'est de bonne augure. On a d'autres d'outre mer qui m'ont interrogé sur le sujet comme comme Jérémie Bréaud ou à Bron, comme Marie-Hélène Millet à saint Genis Laval. Renaud Pfeffer, vice président d'Auvergne-Rhône-Alpes. La Région m'a aussi interrogé sur ce sujet. Je vais dire, c'est en train de bouger au niveau, au niveau des élus.