Que pensent les médias étrangers des violences urbaines qui ont secoué Lyon du 18 au 21 octobre ? La revue de presse internationale de la rédaction de Lyon capitale permet de se faire une idée.
Alors que le maire de Lyon et une délégation lyonnaise se déplaçaient en Asie cette semaine pour faire "rayonner Lyon sur la scène internationale", les émeutes urbaines de mardi, mercredi et jeudi ont fait parler de la ville, probablement pas dans le sens prévu initialement par Gérard Collomb.
Réduction de 30 à 35% du chiffre d'affaires en Presqu'île
Dans son édition du jeudi 21 octobre, CBS News faisait état de "nouvelles violences" à Lyon. "La police a usé de canons à eau et bombes lacrymogènes sur des jeunes qui jetaient des bouteilles et qui ont renversé une voiture", témoignait le journaliste de la chaîne d'informations en continu américaine. Il a poursuivi en interrogeant Philippe Husser, le patron du Bistrot de Lyon qui a témoigné "globalement, on a constaté une réduction de 30 à 35% du chiffre d'affaires par rapport à la normale. Nous n'avons personne à midi, c'est plus que calme", témoignait ce dernier. Même constat sur le site Internet du Los Angeles Times, journal quotidien diffusé à Los Angeles, dont l'article en date du 22 octobre était classé par mots-clés à la rubrique "conflits et guerre".
Une France au bord de la "révolution"
De nombreuses photos des rues de Lyon, accompagnées de commentaires illustrent l'article du 19 octobre du site Internet d'informations du Foreign Policy, magazine américain. Elles montrent les affrontements entre les CRS et les jeunes à Lyon. Le site Internet du journal El Watan parle d'une France au bord de la "révolution", avec des émeutes qui ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, notamment à Lyon. Le quotidien national algérien nuance ses propos en précisant que les heurts survenus à Lyon sont "sans grandes conséquences". Le Soir, quotidien Belge évoque des violences "particulièrement impressionnantes à Lyon où des casseurs ont pillé des commerces et incendié des voitures".
"Where the street have no shame"
Le magazine hebdomadaire britannique The Economist, compare les évènements en France au conflit en Irlande. En témoigne le titre de son article "Where the street have no shame", en référence à la célèbre chanson de U2. Bien loin des réalités lyonnaises, USA Today se demande si "les hooligans" n’ont pas "pris le contrôle de Paris". L’article du quotidien national américain est classé dans la catégorie "Perte de guerre" du site Internet. Enfin, l’édition web de la chaîne de télévision anglaise Sky News du 20 octobre raconte : "à Lyon, les jeunes ont pillé des magasins, brûlé des voitures et ont lancé des combats de rue avec la police. Les officiers ont gazé environ 300 jeunes aux alentours de la place centrale Bellecour après voir appelé 800 policiers en renfort pour régler les problèmes".
De mardi à jeudi, la presse nationale et internationale est venue couvrir les événements sur le terrain lyonnais. Les médias ont dépêché leurs envoyés spéciaux sur place, avec des directs commentés sur plusieurs chaînes d’informations en continu. Les manifestations violentes du début de semaine ont fait la Une de nombreux journaux dans le monde entier.
C'est une magnifique nouvelle que Lyon rayonne enfin, l'omnimaire va-t-il résister à la tentation d'attribuer tous les mérite à son modèle Lyonnais personnel à lui ? Va-t-on voir l'Hôtel Royal de la place Bellecour se couvrir d'un grand drap rose fushia célébrant Lyon capitale de l'acculture du PS ?
Violences urbaines : Lyon 'rayonne' dans la presse internationale Fumigènes, cocktails molotov, feu de camp divers et variés (véhicules, poublelles, cargaison, ...), ... Ca pour rayonner, ça a rayonner... et pas que dans la presse internationale !
Ce constat de la presse anglaise pourrait faire sourire, tant les saccages des magasins tels qu'ils sont présentés sont sigmatisés. Lyon est devenu un champ de bataille et de guérilla urbaine. On peut comprendre la consternation des étrangers devant un tel spectacle digne des pays où règne le chaos. Nous pouvons toujours leur expliquer que les casseurs ne sont qu'une minorité.N'empêche que le centre-ville a été complètement paralysé et que l'image de Lyon est désastreuse en terme de rayonnement, de tourisme et de vision de la société française. Pourquoi en est-on arriver là? Une minorité peut elle anéantir même temporairement tout effort économique et social dans un pays qui se dit civilisé? Quel sens doit-on donner à une grève de nos jours? Est-elle toujours un élan formidable d'expression du peuple contre un gouvernment ou est-elle devenue pour les uns une arme purement politique, un prétexte à sécher les cours ou l'expression d'un malaise d'une partie de la population pour d'autres ou encore un droit réservé à certains du fait de leur statut et de leur facilité à négocier les retenues sur salaire après un conflit?