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Violente agression raciste contre deux bouchons lyonnais à Saint-Jean

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le personnel des restaurants "La Grange" et "Chez Louise", dans le quartier Saint-Jean (Lyon 5e), a été victime d’une attaque raciste. L’agression, perpétrée par un groupe d’une vingtaine de personnes, a laissé le propriétaire sous le choc. Il a décidé de vendre ses établissements.

Bande de bicots, rentrez chez vous, ici c’est notre territoire. Voici les insultes qui ont été proférées à l’encontre de Mohammed Chikha et de son personnel. Selon le restaurateur, alors que le terrassier de La Grange finissait son service, un homme est venu uriner dans les plantes. Rapidement rejoint par quatre ou cinq personnes, le ton est monté. C’est ensuite une vingtaine d’individus, cagoulés pour certains, crâne rasé pour d’autres, qui ont afflué et s’en sont pris au personnel du restaurant.

Le beau-frère de Mohammed, Hamid Emerzoukene, a même été attaqué au moyen de barres de fer et de poings américains. Il s’en est sorti avec 12 points de suture au crâne et une jambe cassée. Nous l'avons rencontré, il marche avec une béquille. Maurice, cogérant des restaurants, explique que les agresseurs ont clairement signifié que leur but était de “mettre un terme à leurs activités”.

"Sales juifs, sales bougnoules, sales noirs"

Le directeur de cabinet de la mairie du 5e arrondissement, présent sur les lieux de l’agression, déclare avoir constaté des mouvements de fuite. Plusieurs dégâts matériels ont aussi été déplorés. Les restauratrices du Cozy Corner, situé en face des deux bouchons, nous confirment également avoir vu les individus lancer le matériel de la terrasse sur le personnel. Le directeur de cabinet affirme qu’une enquête est en cours pour déterminer les “motivations des agresseurs”.

Deux jours plus tard, un groupe d’une dizaine de clients s'est présenté au restaurant. "Rapidement, j’ai reconnu des croix gammées sur leurs blousons. A chaque fois qu’ils commandaient, ils faisaient le salut nazi, ils n’arrêtaient pas de répéter : sales juifs, sales bougnoules, sales noirs", nous confie le serveur Damien. M. Chikha décide alors d'alerter la police.

“Je réfléchis à l’Algérie”

Mohamed Chikha affirme aujourd’hui être “dégoûté”. Ayant fait ses classes de restaurateur chez Bocuse, puis au Ritz Carlton de Londres, il se dit “désabusé” par un tel “manque de reconnaissance”. Ses ambitions, son passé et son ascension dans la restauration sont “souillés” par cette agression. Il est aujourd’hui suivi psychologiquement, expliquant avoir “très peur”. Selon lui, l’agression est liée directement à la diversité d’origines de son personnel qui, pourtant, “s’investit activement dans le travail”.

Comparant avec l’expérience du Ritz Carlton de Londres dont il a bénéficié, il avoue qu’en France, “ce qui manque, c’est le respect”. Aujourd’hui, il envisage sérieusement de quitter la France. “Je réfléchis à l’Algérie ou au Maroc”, nous confie-t-il, avant d’ajouter : “J’ai envie de voir grandir mon fils. Soupçonné par la victime d’être à l’origine de l’agression, le groupe de jeunes identitaires Rebeyne, dont le local se situe dans le quartier, dément cette accusation. La police, quant à elle, n’a pas souhaité communiquer sur cette affaire.

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