Alexandre Vincendet, maire Horizons de Rillieux-la-Pape et conseiller métropolitain est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
A quelques jours du discours de politique générale de François Bayrou, Alexandre Vincendet, maire Horizons de Rillieux-la-Pape, appelle la classe à faire preuve de responsabilité : "pas besoin d'avoir fait l'ENA ou Sciences Po pour le voir que la situation politique est extrêmement difficile. La seule chose que j'espère pour mon pays c'est qu'on arrive au moins à une petite prise de responsabilité, qu'on ait un budget pour la nation, aujourd'hui on n'a pas de budget. Ceux qui vous expliquent qu'on va très bien se débrouiller avec le budget 2024, notamment ceux qui ont voté la censure, portent une responsabilité et non on ne ment pas quand on dit aux français que s'il n'y a pas de budget qui est adopté pour l'année 2025, la fin d'année va être extrêmement compliquée".
Il revient aussi sur l'extension de la zone à faibles émissions aux véhicules Crit'air 3 depuis le 1er janvier : "les écologistes, l'extrême-gauche, qui forment la majorité à la métropole de Lyon, a décidé d'aller beaucoup plus loin que ce que prévoit la loi. On passe aujourd'hui aux Crit'air 3, demain ça sera les Crit'air 2, et ça veut dire que 75% de la population à Rillieux, mais également dans l'agglomération lyonnaise, plus de 50% des habitantes ne pourront plus prendre leur voiture. Et ça va être de l'assignation à résidence".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Alexandre Vincendet
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Alexandre Vincendet. Vous êtes maire horizon de Rillieux-la-Pape, je voulais revenir avec vous sur d'abord l'actualité nationale avec le gouvernement Bayrou qui va bientôt passer à un premier cap, celui du discours de politique générale, on a vu que les premiers pas ont été parfois chancelants, est-ce que vous voyez un monde dans lequel ce gouvernement pourra peut-être voir l'année 2026 ? Est-ce que c'est un gouvernement qui a une date de péremption finalement assez limitée ?
Je ne vais pas faire de pari parce qu'aujourd'hui la situation politique, on le voit tous, pas besoin d'avoir fait l'ENA ou Sciences Po pour le voir que la situation politique est extrêmement difficile. La seule chose que j'espère pour mon pays c'est qu'on arrive au moins à une petite prise de responsabilité, qu'on ait un budget pour la nation, aujourd'hui on n'a pas de budget. Ceux qui vous expliquent qu'on va très bien se débrouiller avec le budget 2024, notamment ceux qui ont voté la censure, portent une responsabilité et non on ne ment pas quand on dit aux français que s'il n'y a pas de budget qui est adopté pour l'année 2025, la fin d'année va être extrêmement compliquée puisque quand vous gérez une collectivité, vous le savez, c'est comme quand vous votez un budget année après année, il y a des dépenses qui sont modifiées, il y a des investissements qui sont plus ou moins importants, vous avez des dépenses de fonctionnement notamment les fonctionnaires ou les retraites qui doivent augmenter et qui ne sont pas prévus dans le budget 2024 pour 2025. Donc on peut arriver vraiment en fin d'année s'il n'y a pas une prise de conscience de la classe politique dans son intégralité, de la responsabilité qu'il leur incombe à l'Assemblée nationale, de vraies difficultés. Et puis la deuxième chose c'est que, enfin moi ce que j'espère pour mon pays quand même, c'est qu'on ait des réformes et qu'on ait pas une espèce d'immobilisme comme ça sur les prochaines années. Notre pays a besoin de se transformer, il a besoin de se moderniser, il a besoin de mesures fortes sur tout un tas de sujets, sur l'éducation, sur le pouvoir d'achat, sur l'immigration, sur la sécurité, sur la justice. Il y a beaucoup de choses qui ont déjà été faites mais il faut qu'on aille beaucoup plus loin. Et aujourd'hui nos compatriotes ont besoin de mouvement, ils n'ont pas besoin d'immobilisme puisque l'immobilisme c'est le risque de la relégation
de notre pays.
Vous parlez de responsabilité, est-ce que c'est responsable de la part du gouvernement de dire sur le budget on repart sur le budget qui a été censuré ? Parce que les mêmes causes ne vont pas produire les mêmes effets…
Le vrai sujet en fait c'est le calendrier. On ne va parvenir sur la dissolution. J'ai cru voir chez le président de la République un mea culpa plus appuyé que d'habitude lors de ses vœux.
C'est que vous l'avez peut-être pris plus personnellement...
Non, c'est la dissolution. Dans la situation que traverse notre pays il faut faire un peu fi de son cas personnel. Moi ce qui m'inquiète c'est mon pays avant tout. Et si je me suis engagé en politique c'est d'abord pour défendre bien sûr mes convictions mais aussi pour essayer d'aider mon pays et d'aider les français à résoudre leurs problèmes au quotidien. Ça c'est la première chose. La deuxième chose c'est que le calendrier de la dissolution n'a pas été bon. Le résultat de la dissolution montre qu'on est dans une situation politique qui est beaucoup plus instable qu'elle ne l'était auparavant. Et je rappelle simplement qu'avant la dissolution je faisais partie de ceux, et j'ai été exclu pour ça, des républicains, qui appelaient à une stabilisation de la vie politique et à une collation entre la droite de gouvernement, la droite républicaine, et le bloc central, ce qui existe aujourd'hui. Ce qui a été fait par les républicains, mon ancienne famille politique et le bloc central, à savoir apprendre à travailler ensemble en étant exigeants bien évidemment, avait été fait avant les élections européennes, on n'aurait pas eu de dissolution. On aurait une stabilisation de la vie politique jusqu'en 2027 et on aurait pu faire avancer le pays. Aujourd'hui ce n'est pas le cas, je le regrette. Maintenant l'Assemblée nationale est ce qu'elle est, c'est trois blocs qui sont à peu près de force égale. Il faut arriver qu'à un cas, en tout cas essayer de faire avancer les choses. Mais malheureusement, moi c'est ce qui me désole, et quand j'en parle avec mes concitoyens à Rillieux-la-Pape et pas seulement à Rieux, dans mon ancienne circonscription et ailleurs, tout le monde est atterré en fait par le niveau politique, où on n'est que sur des injonctions, sur des petites phrases, sur des coups de menton, et à la fin c'est le régime des partis. Tout ce que les Français ont rejeté sous la IVe République, tout ce qui a failli faire chuter notre pays dans les années 50, aujourd'hui est de retour. Or aujourd'hui, moi je pars du principe, je suis d'essence gaulliste, il faut d'abord faire passer le pays avant son parti. J'ose espérer que l'ensemble de la classe politique prendra ses responsabilités, parce que sinon je pense que pour notre pays, et pour les Français, on va au devant de grandes difficultés, et ça ça m'inquiète quotidiennement, y compris en tant que maire d'ailleurs, pas seulement tant que citoyen français.
Une question pour vous en tant que maire sur de la politique locale, depuis le 1er janvier 2025, la ZFE de Lyon, la zone à faible émission...
J'appelle ça la zone à forte exclusion pour ma part.
Maintenant on prévoit que les véhicules Crit'air 3, sauf dérogation, n'ont plus le droit de rouler dans Lyon, Villeurbanne, et à Caluire-et-Cuire. Vous l'opposition, vous dénoncez toujours cette "zone à faible exclusion". Chez vous, vous voyez des premières conséquences ? Est-ce que les habitants vous en parlent ? Est-ce que vous avez vous des dispositifs d'accompagnement, d'aide à ces automobilistes qui ont des voitures Crit'air ?
Le vrai sujet c'est qu'est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui une commune, je prends la commune de Rillieux mais pas seulement, dans la 7e circonscription du Rhone, vous avez la ville de Brondeet la ville de Vaulx-en-Velin, qui sont des communes populaires avec des personnes qui peuvent être en difficulté, mais je pense sur l'ensemble de l'agglomération aussi. Vous avez des personnes aujourd'hui qui sont concernées, on parle de plusieurs dizaines de milliers d'automobilistes d'habitants de la métropole qui ne peuvent plus aujourd'hui circuler librement. Déjà première chose, mais ça me pose un problème.
Il faut savoir quand même que la zone à faible émission est quasiment pas contrôlée.
D'accord, le jour où elle va être contrôlée, ça veut dire que par exemple vous arrivez à Rillieux-la-Pape, vous ne pouvez plus aller faire vos courses à Auchan à Caluire, qui est situé à 1,5 km. Aujourd'hui les écologistes, l'extrême-gauche, qui forment la majorité à la métropole de Lyon, a décidé d'aller beaucoup plus loin que ce que prévoit la loi. On passe aujourd'hui aux Crit'air 3, demain ça sera les Crit'air 2, et ça veut dire que 75% de la population à Rillieux, mais également dans l'agglomération lyonnaise, plus de 50% des habitantes ne pourront plus prendre leur voiture. Et ça va être de l'assignation à résidence. Et aujourd'hui on marche un peu sur la tête. Si vous achetez… Allez, je vais prendre deux grosses marques. êtes Crit'air 1, une grosse Peugeot hybride ou une Porsche Cayenne hybride, vous êtes Crit'air 1. Une grosse Renault hybride, 4x4 hybride, vous êtes Crit'air 1. Si vous avez une voiture diesel de 2011 qui fait 70 chevaux, vous êtes Crit'air 3. Ça veut dire que quand vous êtes riche ou que vous avez les moyens de faire partie de la classe aisée, vous pouvez vous adapter. Et quand vous faites partie des classes populaires, vous êtes assigné à résidence parce que vous ne pouvez plus vous déplacer. Et dans le même temps, est-ce qu'aujourd'hui on a vu une explosion des grands moyens de transport ? Est-ce qu'on a vu une explosion des nouveaux modes de déplacement ? La réponse est non. On a mis la charrue avant les bœufs. Et qu'est-ce qu'on fait ? C'est qu'on exclut les gens. On les assigne à résidence. Et plus vous êtes pauvre, plus on vous interdit avec cette zone à faible émission, ou plutôt cette zone à forte exclusion, on vous empêche de bouger. Et moi, ce qui me choque, en fait, c'est qu'aujourd'hui les écologistes Bruno Bernard, alliés avec la France Insoumise, ben finalement, maintiennent leur calendrier. Ils ont un peu bougé sur les Crit'air d'eux parce que vous l'aurez compris, en 2026, il y a des élections. N'empêche que ce que je dénonce depuis des années, cette bombe sociale où on va empêcher les gens de se déplacer pour aller faire leurs courses, pour aller voir leurs services publics, pour aller faire des soins dans les hôpitaux, pour simplement se déplacer. Aujourd'hui, on ne peut pas tous les mettre sur des bicyclettes. On ne peut pas tous les mettre sur des vélos pour qu'ils puissent se déplacer. Aujourd'hui, on va leur dire que, parce qu'ils n'ont pas les moyens de changer de voiture, et bien ils resteront chez eux. Ça, c'est inacceptable. Je suis pour la libre circulation et je pense qu'il y avait d'autres solutions aujourd'hui pour faire baisser les émissions à effet de gaz et effet de serre. Et la dernière chose, je pense encore une fois qu'il faut d'abord mettre une vraie politique de transport en commun, faire un vrai plan métro, un vrai plan tram, travailler sur une beaucoup plus grande extension des transports en commun, parce qu'à partir de là, quand vous avez de nouvelles solutions, alors vous pouvez réduire le trafic automobile. Mais pas l'inverse, parce que le vrai sujet demain, c'est que si les gens ne peuvent pas ni se loger, ni venir travailler, je pense qu'on va au-devant de graves problèmes aussi. Et ça fait partie de ces mesures très parisiano-parisiennes, très technocrates, très idéologues qui derrière vont avoir pour conséquence beaucoup de cas sociales et aussi une ghettoisation des habitants les plus pauvres. Et ça, c'est inacceptable.
En 2026, de Bruno ou Greg qui sera le 1° sur la selle éjectable !
La bonne blague... les dieux en voitures voient leur toute puissance menacée alors ils parlent de prison ?
Ces gens là ne sont que de dangereux extrémistes qui font passer leur usage de la voiture avant la santé de tous. Une honte. Répandre des matières cancérigènes dans l'environnement de tous sera un jour jugé par les générations futures.