Julien Poncet, directeur de la Comédie-Odéon © Antoine Merlet

10 ans de La Comédie-Odéon : "Nous cochons toutes les cases pour être aidés !”

La Comédie-Odéon fêtera ses dix ans d’existence, du 25 au 30 avril, avec une programmation spéciale à la clé. C’était l’occasion idéale pour donner la parole à Julien Poncet. À la tête du lieu depuis sept ans, il en a fait un théâtre vivant, “populaire et de qualité”, selon ses termes. Un endroit convivial qui a trouvé sa place, singulière, dans le tissu culturel de notre ville. Mais sans aide publique pérenne. Entretien.

Lyon Capitale : Quel bilan tirez-vous de ces sept années à la tête de la Comédie-Odéon ?

Julien Poncet : Nous avons traversé des périodes complexes. Mais je crois que l’on a donné la preuve qu’il y avait de la place à Lyon pour un théâtre qui est sur notre ligne éditoriale. C’est-à-dire un théâtre populaire de qualité. On a aujourd’hui un outil qui fonctionne, qui accueille plus de 60 000 spectateurs dans la saison. C’est plus de 600 levers de rideaux chaque année et 3 200 cachets pour les artistes, souvent locaux, qui viennent ici. Beaucoup de spectacles qui sont repérés à Paris ou Avignon sont joués ici.

Nous faisons aussi beaucoup d’action culturelle, on a eu près de 5 000 scolaires venus voir nos spectacles cette saison. On fait aussi du jeune public, on a lancé un cycle de contes. Bref, nous avons trouvé notre place avec nos particularités. La Comédie-Odéon vit uniquement des spectateurs

qui viennent assister aux spectacles. Ce qui nous soumet à une pression qui n’existe pas dans les lieux subventionnés. Nous sommes soumis aux aléas extérieurs. Autre élément important, nous avons réussi à faire rayonner la Comédie-Odéon à l’extérieur.

Nous totalisons cette saison près de 200 dates de spectacles produits ici qui sont partis en tournée partout en France. Il s’agit de spectacles comme Intra Muros d’Alexis Michalik, …Et les enfants seront bien gardés ! de Ségolène Stock. Ou encore le spectacle que j’ai écrit et mis en scène, Tout ça pour l’amour !. Nous avons un vrai rôle économique, 60 000 spectateurs ça compte pour les restaurateurs voisins…

Quels sont vos projets ?

Le projet est tout simplement de continuer dans cette voie que l’on a commencé de tracer. D’amener les artistes du territoire à se rencontrer, à participer à des spectacles de qualité.

Nous voulons amener au théâtre ceux qui en sont éloignés. Par exemple, l’opération “Les mercredis à tout prix” permet une forme de solidarité. Les gens paient ce qu’ils veulent, par tranche de 5 euros. Les moins aisés paient 5 euros, les plus aisés 20 euros ou davantage…

Quelle sera la programmation du 25 au 30 avril ?

Rien n’est encore fixé. On compte proposer une sorte de florilège de ce qui s’est passé ici. Il y aura certainement Frédéric Fromet. On compte bien rejouer Le Porteur d’histoire, d’Alexis Michalik, un de nos grands succès. J’espère que Philippe Caubère passera. Ce sera un temps festif, informel.

Lorsque l’on vient à l’Odéon, on voit bien que le public est différent, plus populaire, moins guindé…

C’est sûr. Mais attention, le public traditionnel de théâtre vient aussi. Quand on programme Jérémie Lopez, de la Comédie-Française, dans Max, ils sont là ! Désormais, les spectateurs nous font confiance. Nous n’avons pas d’abonnement. Mais nous proposons des carnets de dix places à tarif réduit. C’est non nominatif. C’est plus souple et ça permet aux gens d’être plus réactifs.

Finalement, pourquoi la Comédie-Odéon n’est-elle pas aidée par la puissance publique ?

Je ne sais pas… Je comprends qu’au début il fallait faire nos preuves. On a monté un modèle de théâtre qui n’existait pas à Lyon. C’était une vraie utopie ! Mais aujourd’hui, on a trouvé notre place, on a créé notre public, on a nos partenaires, on fait de l’action culturelle, on fait de l’émergence, on fait de la formation, on a une affiche de qualité. On coche toutes les cases ! Mais toujours sans soutien public !

Je rêve d’un calendrier qui donnerait lieu à un conventionnement, à une aide qui nous permettrait de pérenniser, de sécuriser notre action en direction des artistes et du public plutôt que d’être sans arrêt à la recherche de ressources pour payer nos salariés. J’aimerais que l’on parvienne à un partenariat public/privé comme il en existe partout ailleurs. D’autant plus que l’on est déjà partenaire d’événements publics comme la Fête des lumières, Quais du Polar, les Nuits de Fourvière, Lyon BD…

Si on ne trouve pas de solution pour sécuriser le projet, il n’y aura pas d’autre solution que de mettre la clé sous la porte.


Les 10 ans ! – Du 25 au 30 avril à la Comédie-Odéon, Lyon 2e

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