Chambre d’hôtes à Lyon : des convives, des lumières, mais pas de fête

Les étudiants de l’ISCPA de Lyon ont suivi pour Lyon Capitale les préparatifs d’une Fête des lumières finalement transformée en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre. Une annulation qui a fortement touché le secteur de l’hôtellerie à Lyon. Illustration avec Karine Sigiscar, gérante de “Nos chambres en ville”, une chambre d’hôtes de la Croix-Rousse.

Karine Sigiscar gérante de la chambre d'hôtes

©Charline Bakowski
Karine Sigiscar gérante de la chambre d'hôtes

Nous avons poussé les portes de "Nos chambres en ville", une maison atypique sur les pentes de la Croix-Rousse, qui offre trois chambres d’hôtes pleines de charme. À sa tête, Karine Sigiscar, une femme qui, comme bien d’autres, a dû subir malgré elle les conséquences de l’annulation de la Fête des lumières. Une annulation, certes, mais qui n‘empêchera pas Karine d’allumer ses lumignons.

Ses trois chambres, Karine n’a pas pour habitude de les voir vides. Entre habitués et professionnels, il y a toujours du mouvement. "En semaine, il y a au moins une chambre de louée tous les soirs", confie-t-elle. Mais aujourd’hui, après un week-end qui s’est finalement avéré "normal", le néant rode sur ce début de semaine.

Six couples avaient fait leurs réservations pour ces festivités. Quatre d’entre eux ont décidé d’annuler leur séjour lyonnais et de le reporter à l’année prochaine, pour la Fête des lumières 2016. "Je n’ai pas eu d’annulation définitive, mais ça revient malheureusement au même", explique Karine. Un coup dur financier certain : pendant la Fête des Lumières, le prix de la chambre passe de 88 à 120 euros. Mais un manque à gagner auquel elle a su faire face.

 

Des touristes qui n’ont pas froid aux yeux

Deux autres couples, qui avaient réservé leurs billets d’avion depuis le mois de février, n’ont quant à eux pas annulé leur réservation. Stéphane, l'un d’entre eux, s’est même exclamé "On est des Gaulois !" (autrement dit "Même pas peur !"). Fête des lumières ou pas, ces amis avaient prévu cette sortie bien à l’avance et seraient venus coûte que coûte. Entre la visite du Vieux-Lyon, celle du parc de la Tête-d’Or, du marché de Noël de la Croix-Rousse ou encore un passage aux halles et à la Confluence, ces quatre acolytes venus tout droit de Pornichet, en Loire-Atlantique, ont eu un week-end au programme chargé. "C’est vrai que l'on a pu faire nettement plus de choses en journée que si la Fête des lumières avait eu lieu, car la fatigue se serait fait sentir", confie Christine.

N’étant pas lyonnais d’origine, ils avouent, bien que déçus, qu’ils ne se sentaient pas directement concernés par cette annulation. Pour eux, c’était l’occasion de partager un week-end entre amis, dans la bonne humeur et la convivialité grâce à la chambre d’hôtes, qu’ils ont l’habitude de fréquenter. "On préfère aux hôtels, surtout pour la convivialité et aussi les petits-déjeuners", confie Dominique en souriant et en regardant Karine du coin de l’œil. Leur hôte a pour habitude de bichonner ses convives. "La semaine de la Fête des lumières, c’est le week-end tous les jours !" s’exclame Karine. Hormis les baguettes et les viennoiseries, Karine met la main à la pâte en proposant des gâteaux faits maison. "Ce week-end, ils ont eu droit à mon gâteau à la cannelle et aux zestes d’orange et à une tarte aux pommes du jardin", confie-t-elle en nous mettant l’eau à la bouche…

Un 8 décembre pas comme les autres

Un espace bien-être et lecture où chacun peut se retrouver.

©Charline Bakowski
Un espace bien-être et lecture où chacun peut se retrouver.

Karine, son mari et ses deux enfants illuminent chaque année la cour intérieure avec les autres habitants de l’immeuble. Les jeunes frappent aux portes, se retrouvent et allument les bougies tous ensemble. "C’est une tradition que l’on aime partager avec nos hôtes le soir du 8 décembre", confie-t-elle.

Si le prix de la chambre est plus élevé pendant les festivités, les attentions sont également plus nombreuses. Outre la pâtisserie, Karine offre des lumignons à chacun de ses convives. Libres à eux d’en faire ce qu’ils souhaitent. "Certains le gardent pour le ramener chez eux en souvenir, d’autres préfèrent l’allumer avec nous pour le soir du 8 décembre", explique-t-elle.

Mais, pour l’heure, aucun client n’a fait de réservation pour cette nuit-là. C’est la première fois que la famille ne pourra pas partager ce moment avec ses invités. Une déception pour Karine, qui a également l’impression que cette tradition lyonnaise se perd. "C’est une fête du vivre-ensemble et j’espère que cet hommage va redonner un élan aux Lumières", déclare-t-elle.

Si l’annulation de la Fête a eu un impact sur les réservations, ce n’est pas le seul facteur, selon Karine : "Depuis les attentats de Paris, j’ai l’impression que beaucoup de personnes évitent de s’aventurer dans les grandes villes." Un ralentissement qui, pour le moment, ne se fait pas ressentir sur les réservations de 2016, qui arrivent à grands pas.

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