Cette semaine à l’opéra de Lyon, un programme à ne pas rater, pour la beauté de Lucinda Childs et le génie de Cunningham.
L’épure de Childs sur du Glass
Le ballet de l’Opéra de Lyon met à son répertoire Winterbranch de Merce Cunningham et Dance de Lucinda Childs. Celle-ci est une des œuvres les plus fortes de l’histoire de la danse américaine, particulièrement du courant minimaliste. Écrite sur une musique de Philip Glass et un dispositif filmique, composée de trois sections avec un solo et deux quartets, la danse joue l’épure et inscrit les flux des corps dans les boucles répétitives du compositeur. L’espace devient alors une structure géométrique, à l’intérieur de laquelle la danse produit un corps réel et un autre en silhouette, démultipliant le temps et instaurant un mouvement hypnotique qui semble ne jamais s’arrêter.
Cunningham et la chute des corps
Winterbranch, la pièce pour six danseurs de Cunningham nous permet quant à elle de retrouver le maître dans sa collaboration avec le plasticien Robert Rauschenberg. Le chorégraphe l’a conçue autour de l’expérimentation de la chute du corps et son redressement, qui étaient pour lui parmi les fondamentaux de la danse.
La pièce est sombre, qui se déroule la nuit, avec des individus habillés de noir. Ils sont soumis au rythme des lumières de phares aveuglantes qui s’allument et s’éteignent, provoquant déséquilibres et chutes des corps qui rampent, se croisent ou se collent les uns aux autres à la manière des combine paintings (collages d’accessoires et d’objets hétéroclites).