Christian Schiaretti ne prendra pas les rênes de la Comédie-Française. Plus surprenant, le directeur du TNP n’a même pas été reçu à l’Élysée, contrairement aux deux autres candidats. Son dossier avait “disparu”.
C’est loupé pour Christian Schiaretti. Le directeur du TNP de Villeurbanne ne deviendra pas régisseur général de la Comédie-Française. Du moins pas cette fois-ci. La nomination d’Éric Ruf à ce poste a été entérinée ce mercredi en conseil des ministres. Une nomination émanant directement de François Hollande et qui va contre la proposition de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti : celle-ci privilégiait la candidature de Stéphane Braunschweig, qu’elle avait elle-même sollicitée. "Il s’agit d’une décision régalienne qui relève d’une lecture pertinente du ministère de la Culture et encore plus pertinente, semblerait-il, du président de la République", ironisait au micro de France Inter il y a quelques jours Christian Schiaretti, dont le cas a, semble-t-il, été scellé plus tôt.
Dossier perdu
Lui qui n’avait jamais fait mystère de sa volonté de prendre la tête de la Comédie-Française n’a pas même pu accéder à un entretien à l’Élysée. "Trois candidats, dont je faisais partie, ont été reçus par la ministre de la Culture, mais seulement deux candidats ont été reçus à l’Élysée, mais pas moi", raconte-t-il. Pourquoi ? Le dossier du directeur du TNP aurait disparu.
Le principal intéressé affirme avoir transmis tous les éléments au ministère de la Culture, qui soutient à son tour avoir remis les trois candidatures à la présidence, où on affirme cette fois n’avoir reçu que deux dossiers : celui du sociétaire de la Comédie-Française Eric Ruf et celui de Stéphane Braunschweig. "Entre les deux, il y a une perte dont il faut peut-être incriminer le coursier ou quelque problème informatique, je ne sais pas, je n’ai pas d’interprétation là-dessus. Ma position est de croire l’Élysée parce que c’est l’Élysée et de croire la ministre parce que c’est la ministre. Entre les deux, il y a un dysfonctionnement", relève Christian Schiaretti, qui s’étonne : "Sans vouloir porter ombrage du tout à la candidature d’Eric Ruf ou Stéphane Braunschweig, je note que le seul dossier perdu correspond à celui du directeur du TNP, seul théâtre installé en région et qui milite pour la troupe depuis très longtemps, au quotidien."
Ruf préféré à cause de Podalydès ?
Mais des rumeurs circulent déjà, qui justifieraient la nomination d’Eric Ruf, très proche de Denis Podalydès, lui-même soutien affiché lors de la campagne pour la présidentielle de François Hollande. Certains vont même plus loin, "jugeant que la candidature d'Eric Ruf n'était que celle, masquée, de Denis Podalydès", explique par exemple Le Monde.
Toujours est-il qu’une fois de plus un directeur de grande institution de la métropole lyonnaise échoue de peu à accéder aux plus hautes fonctions de son domaine. En avril 2013, Sylvie Ramond, la directrice du musée des Beaux-Arts de Lyon, faisait partie de la short-list pour prendre la direction du musée du Louvre, avant qu’un archéologue ne lui soit finalement préféré par l’Élysée.