Moins célèbres que celui de Pergolèse, les deux Stabat Mater composés par Domenico Scarlatti demeurent des pièces majeures du répertoire sacré du début du XVIIIe siècle. Si celui à deux voix (jugé finalement “démodé” par ses commanditaires, qui demandèrent au jeune Pergolèse d’en composer un plus moderne) ne possède pas la fulgurance de son miraculeux successeur, le Stabat Mater à dix voix de Scarlatti ne peut souffrir de la comparaison tant il s’inscrit dans un style antique, bien loin de la théâtralité “moderne” de Pergolèse.
Cette œuvre d’une grande richesse polyphonique et expressive souffre pourtant d’un manque de notoriété auprès du public, tristement éclipsée par les “tubes” composés par Pergolèse et Vivaldi sur le même texte. Texte évoquant la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils Jésus-Christ, cette séquence composée au XIIIe siècle par Jacopone da Todi est une page empreinte d’une gravité et d’une dramaturgie sans égales. Armé de dix voix et d’un continuo, Scarlatti tisse une toile polyphonique dense et moderne en son temps bien qu’à la fois ancrée dans la tradition contrapunctique du siècle passé et ayant recours aux effets du madrigal.
C’est justement dans le domaine du madrigal que la Venexiana de Claudio Cavina a fait ses premières armes discographiques (couronnées de succès) et s’est imposée comme l’un des tout meilleurs spécialistes aujourd’hui. S’attaquer à ce Stabat Mater à dix voix de Scarlatti paraît à ce titre une évidence, doublée d’une excellente nouvelle pour le public du Festival de musique baroque de Lyon.
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Stabat Mater, de Scarlatti. Dimanche 24 novembre, à 17h, à la chapelle de la Trinité, 29-31 rue de la Bourse, Lyon 2e.
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Cet article est paru dans Lyon Capitale n°727 (novembre 2013).