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Dans l’ombre des festivals estivaux

Entre les éternelles Nuits de Fourvière – le très pêchu blockbuster des festivals d’été – et Jazz à Vienne, nombreuses sont ces petites scènes qui ne demandent qu’à grandir. Focus sur ces programmations lyonnaises qui agissent dans l’ombre des plus gros festivals de l’été à Lyon.

Jeudi 19 juillet 2012, 20h. Salle du Transbordeur de Villeurbanne. Il est de ces concerts où il est bon de se jeter à l’eau sans avoir écouté quelques morceaux sur des plateformes musicales au préalable. Ce soir-là : Civil Civic et Everydayz. Pas de quoi rameuter les foules de prime abord. Il est souvent préférable de sentir ses chevilles gonfler en narguant ses proches au détour d’un verre : “Et puis cette année, j’ai fait Kasabian et Metronomy aux Nuits, et puis là tu vois j’ai le pass 3 jours pour Musilac ce week-end."

Cupples et Ben Green, le duo de Civil Civic

La "crise de la culture" ?

Et parfois, faute d’argent, il est bon de revoir ses plans. Pour des sommes plus modestes, en creusant quelque peu dans les méandres des affiches estivales, on parvient alors à faire quelques bonnes trouvailles : citons la Sonic Death Dark 80’s Party de la péniche Le Sonic située quai des Étroits, ou encore le festival EXPERIENCE(S) du Périscope en juillet. Même dans les très huppés Ninkasi, il faut souvent s’attarder.

L’affaire du Grrrnd Zero, collectif qui aménageait depuis 2005 un espace consacré aux cultures underground et hors norme au Rail Théâtre de Vaise et à Gerland, est révélatrice de cette éternelle "crise de la culture" de la scène musicale. Le collectif, suite à leur volonté de mettre les bâtiments aux normes de sécurité, a dû céder le bail ; la communauté de communes, propriétaire de leurs désormais ex-locaux de Gerland, ayant essuyé leur requête. Dans son communiqué, l’association dénonçait une Ville de Lyon qui “tourne le dos à tout tissu associatif local, se tient à distance de la culture marchande, de ses objectifs de rentabilité et de retour d’image, mais qui forme la composante essentielle du dynamisme culturel de la ville au quotidien“. La Ville de Lyon axe essentiellement sa politique culturelle autour de quelques événements ponctuels. Là est le cœur du problème : la Capitale des Gaules vise à accroître sa visibilité et son rayonnement culturels pour garder sa place dans la cour des grands.

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De l’intérêt des programmations alternatives

L’enjeu est grandissant pour ces scènes proposant de véritables alternatives qui font aussi du bien au portefeuille. Il n’est pas ici question de relancer l’éternel débat sur le soutien à l’industrie musicale au profit des artistes émergents ; ni même de renforcer le clivage entre les grandes industries et les labels indépendants. Tout est une question de public et chacun y trouve son compte. Loin de nous l’idée de discréditer les grands festivals, dont les affiches demeurent alléchantes et font vivre les artistes de notre paysage musical.

Il convient ici de rappeler que certaines formations méritent encore d’être largement mises en lumière, sans toutefois faire l’objet d’un matraquage médiatique comme on a pu assister avec l’engouement suscité par des groupes comme Metronomy ou The XX ; et ce pour préserver leur authenticité, leur singularité, leur saveur. En d’autres termes, pour ne pas tomber dans le piège du radio edit. Soulignons également les initiatives de ces salles, dont la légitimité n’est plus à démontrer pour certaines (le Transbordeur et ses "Summer Sessions" par exemple). D’autres doivent encore persévérer (le Sonic ou encore le regretté Grrrnd Zero), particulièrement en cette période estivale d’inflation festivalière.

Toujours est-il que la scène française – malgré un fort ancrage dans les programmations – est en berne ; les salles lyonnaises se nourrissent de ces formations anglophones, souvent issues de la scène indie-electro-alternative. Mais ne crachons pas dans la soupe dans l’immédiat ; accueillons toujours sincèrement à bras ouverts ces groupes qui font le bonheur de nos salles et, a fortiori, le nôtre. “La musique, c’est du bruit qui pense“, affirmait Victor Hugo. Pensons avec elle, mais au bon endroit.

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