Le festival de l’opéra est placé cette année sous le signe d’un compositeur, Verdi. Avec Macbeth, Don Carlos et Attila, il sera beaucoup question de pouvoir.
On s’était habitué au fait que le “festival d’opéras” annuel lyonnais adopte des thématiques sociétales, jusqu’à commander à des personnalités “politiques” (Robert Badinter, Régis Debray) des livrets originaux dans le cadre de créations contemporaines inscrites dans le présent. Point de tout cela cette année. Le festival subsiste, certes, mais le fil conducteur de l’événement a de quoi déconcerter par son manque d’audace à première vue, au regard des sujets brûlants abordés lors des éditions précédentes.
Sans doute la nomination de Daniele Rustioni comme chef permanent de l’Opéra – et le désir de le voir diriger quelques grandes fresques du bel canto – n’y est-elle pas étrangère ; le fait est que cette année le traditionnel festival est placé sous le signe du compositeur Verdi. Un “thema” Verdi, donc, mais qui à y regarder de plus près suggère, à travers les problématiques abordées par les deux œuvres retenues, moult questionnements sur la notion de pouvoir…
La conquête et la déchéance
Inspiré de l’œuvre de Shakespeare, l’opéra en quatre actes Macbeth parle d’ambition dévorante et d’un jeu où tout est permis en vue de la conquête du pouvoir. Un thème hélas toujours d’actualité, dont s’empare le metteur en scène Ivo Van Hove en transposant l’action au cœur de Wall Street. N’hésitant pas à inscrire l’œuvre dans l’actualité, Van Hove faisait en 2012 – année de la création à l’Opéra de Lyon de cette reprise – du chœur final celui des Indignés de Wall Street triomphant de l’horreur économique.
Dans le Don Carlos du même Verdi, c’est sur fond d’Inquisition espagnole que le pouvoir du roi Philippe II d’Espagne s’exprime, n’hésitant pas à ravir à son fils Don Carlos sa promise Elisabeth, qu’il marie à sa personne, contraignant Don Carlos, inconsolable, à partir en campagne, privé de ses rêves et du pouvoir politique. C’est ici la version parisienne de 1867, en français, qui sera donnée, confiée pour la mise en scène à un Christophe Honoré qu’on aurait mal imaginé dans une version italienne contre nature pour ce dandy parisien tout en élégance et en retenue.
À noter que ces deux productions seront jouées en alternance, un jour sur deux, dans la même salle de l’opéra de Lyon, qui sera le théâtre de transformations et changements de décor quasi quotidiens pour permettre cette performance technique.