Slow joe
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L’histoire du rouquin rocker qui fit chanter Joe l’indien

Concert. C’est ce qu’on appelle une success story, un conte de fée d’autant plus beau qu’il est né d’une rencontre hors-norme, en tout cas inattendue, “accidentelle” quasi prophétique.

Quand Cédric de la Chapelle, jeune musicien lyonnais, part en Inde avec son ukulélé sous le bras, pour un road trip vacancier, il ne s’imagine évidemment pas faire là une rencontre qui va sans doute changer son horizon, personnel mais aussi professionel. Pourtant, il va croiser le chemin d’un indien de 67 ans, qui vit sur une île en face de Goa, surnommé Slow Joe. Traduction : Joe le lent. Celui-ci chante son blues depuis l’âge de 20 ans, quand, à la suite d’un amour contrarié avec une jeune fille hindoue, les deux familles s’opposant à leur union, il part sur les routes et vit tel un marginal.

Et quand Cédric de la Chapelle rencontre Joe, ce dernier vivote en négociant pour les touristes les prix des chambres d’hôtel. Le vieil indien raconte volontiers son histoire. Cédric l’invite alors à chanter puis, frappé par son talent, cette voix de crooner qui ne trahit pas son âge, il l’enregistre avec une petite machine de fortune. De retour en France, le musicien a une seule idée en tête. Il consacrera deux années à écrire un album à partir de cette voix a capella enregistrée en 2007, qu’il collera sur une instrumentalisation enregistrée en 2009.
Pour imaginer un éventuel groupe, Cédric acolle au nom de Slow Joe l’expression “the ginger accident”, qui signifie “l’accident avec le rouquin”. Tout est là, le récit romanesque condensé dans le nom-même d’un band d’un autre genre, formé avec ses membres séparés par plusieurs milliers de kilomètres.
Un groupe plutôt noise à l’origine, s’est mis à rechercher l’essence même du crooning.

Le groupe où Cédric s’illustre comme chanteur et guitariste, “S”, récompensé par feu le tremplin Dandelyon, jouait notamment au Grrnd Zero, et versait plutôt dans le punk, le noise, le rock couillu. Mais pour sertir la voix de Joe, il va chercher autre chose, et sur galette, cela donne du Elvis première pression, glissant avec aisance sur une inspiration Doors assumée, psychédélique pur jus. “C’est beau à pleurer”, jure Olivier Boccon-Gibod, directeur de Caravelle, producteur lyonnais. “Quand j’ai fait écouter ça à Jean-Louis Brossard, directeur des Transmusicales, il a absolument voulu que Slow Joe ouvre le festival”, raconte-t-il. Joe l’indien est ainsi arrivé quelques jours à peine avant sa première scène, et pas n’importe laquelle, en plein hiver, avec des vêtements non appropriés. Il a dû affronter les feux de la rampe, avec des chansons qu’il ne connaissait pas, puisqu’il pratique du blues véritable, improvisé, à partir de ce chagrin d’amour vieux de plusieurs dizaines d’années. Mais la prise de risque est à la hauteur du sucès rencontré, critique notamment avec, à l’appui, une histoire fantastique dont se saisissent rapidement quelques chics et templiers médias, Le Monde, Radio France, le Mouv’, Arte... “L’avenir de Caravelle va passer par lui”, estime Olivier Boccon-Gibod, qui compte bien aujourd’hui porter le projet jusqu’à un premier album, édité pourquoi pas en licence chez un major. Slow Joe remettra les pieds en France pour la seconde fois le 17 mars à Lyon, puis à Paris quelques jours plus tard, pour des concerts qu’il serait dommage de rater. Tant que la magie opère.
Slow Joe and the ginger accident,
le 17 mars à l’épicerie Moderne, à Feyzin. 04 72 89 98 70.

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