Après la série de thrillers français policiers, américanisants ou ésotériques, Anna M. joue la carte psychologique. Le cinéaste Michel Spinosa "électrochoque" le genre et force la belle Isabelle Carré à camper une folle machiavélique. Le film de la semaine.
Anna M. ***
De Michel Spinosa
Avec Isabelle Carré, Gilbert Melki... France. 1h46
L'histoire : Après une tentative de suicide, Anna M., remise sur pied par un séduisant chirurgien, tombe follement amoureuse de lui. Mais sous des airs doux et réservés, la jeune femme s'avère être une féroce érotomane très dérangée...
Depuis La parenthèse enchantée, son précédent film, on savait Michel Spinosa capable de divertir sans négliger le fond. Avec Anna M., à la façon de son quasi homonyme le philosophe Baruch Spinoza, le réalisateur français explore les dérives des pulsions, des passions et de l'exacerbation du désir. Tissé comme un thriller, le film ne se contente pas des ficelles du genre – déjà suffisamment haletantes – pour nous tenir éveillé. Les propos d'Anna M. sont d'une réalité parfois si abjecte que chacun pourra se sentir concerné. Et c'est pour toutes ces réflexions sur les névroses, psychoses et autres cirrhoses métaphysiques que son film est passionnant. En nous faisant croire que la blonde héroïne du film est une inoffensive jeune femme fragile, il nous plonge dans un piège machiavélique. Cette farce malsaine, dont il serait dommage de révéler les tourments, est menée de main de maître par Isabelle Carré qu'on aura rarement vu aussi barrée et qui démontre sa capacité à tout incarner. Et puis ceux qui doutaient encore de l'intérêt d'un Gilbert Melki, encore trop labellisé La vérité si je mens, sa présence de victime finit de confirmer l'éventail de ses performances. Un film dense et parfaitement maîtrisé, du sujet au casting. La perle la plus dérangeante de la semaine.
Scandaleusement célèbre ***
Un nouveau film sur Truman Capote, drôle, acide et rock'n'roll qui vaut largement la biographie filmique de l'écrivain sortie l'année dernière. A découvrir.
L'éveil de Maximo Oliveros ***
Grand prix du public au festival international Hors Ecran, à Lyon en octobre dernier, ce petit film philippin qui hésite entre polar, drame et docu rappelle parfois le néoréalisme italien.
Ne touchez pas à la hache ***
Adaptation de La duchesse de Langeais de Balzac, le dernier Rivette offre à Guillaume Depardieu et Jeanne Balibar un écrin d'or et de spiritualité pour exprimer leurs talents de comédiens. Etourdissant.
La tête de maman ***
Karin Viard et Kad Mérad s'en donnent à coeur joie dans cette comédie dramatique pleine de bonnes idées de cinéma. Le premier film d'une jeune réalisatrice à surveiller.
Alpha Dog ***
Drogue, sexe & violence. Nick Cassavetes fait du Larry Clark et filme la jeunesse US blanche dans un drame funeste et subversif. Difficile à croire mais entre Sharon Stone et Bruce Willis, Justin Timberlake est plutôt surprenant.
Golden Door ***
Une épopée humanistes qui traite de la discrimination et de l'eugénisme à l'américaine avec un vrai sens de la poésie. Second excellent film d'Emanuele Crialese (Respiro) récompensé à la dernière Mostra de Venise.
Angel ***
Si vous avez aimé 8 femmes, ne ratez pas ce mélo brillant et décapant signé par un Ozon au meilleur de sa forme.
Les témoins ***
Les années sida par Téchiné : un drame solaire et pudique sur l'amour menacé d'une génération plombée. Magnifique.
Azul ***
Une drôle de comédie dramatique sur la jeunesse espagnole qui croise les destins avec une folie toute latine et un pessimisme réjouissant.
Demandez la permission aux enfants **
Une comédie familiale au casting impeccable (Bonnaire, Légitimus, Parillaud) qui réussit à cerner avec humour les problèmes des parents modernes. Seul bémol : une réalisation trop téléfilmesque.
Zoom express
Le Candidat **
De Niels Arestrup. France 1h35
Imaginez un peu dans deux semaines, à la veille du premier tour, Perben remplaçant Sarkozy emporté par un cancer fulgurant... C'est le point de départ du premier film réalisé par le comédien Niels Arestrup. Un obscur candidat remplace au pied levé l'étalon du parti à qui la victoire était promise. En autopsiant les arcanes d'une campagne, Arestrup, signe une fable politique souvent drôle, pleine de tensions, de non-dits et de faux-semblants. Et cerise sur ce tableau, Le Candidat laisse aussi une place majeure aux jeux des acteurs et à la théâtralité. Yvan Attal catapulté dans les illusions du pouvoir et de la mise en scène politique, s'offre aussi un de ces meilleurs rôles.
Les autres sorties
Belle Toujours (de Manoel de Oliveira) - Dangereuse séduction (de James Foley) - TMNT, les tortues ninja (de Kevin Munroe) - Goal II, la consécration (de Jaume Collet-Serra) - Goodbye Bafana (de Bille August) - Sunshine (de Danny Boyle) - Dorian Blues (de Tennyson Bardwell) - Le vieux jardin (de Im Sang-soo) - Play (de Alicia Scherson)
Les avant-premières
Découvrez, avant out le monde, Goodbye Bafana, l'histoire vraie du gardien de prison qui fut aussi le confident de Mandela durant son incarcération, le 10 avril au Pathé République qui diffuse aussi Jean De La Fontaine, le 16 avril à 20h30.
Pour les fanas de SF et d'anticipation, Sunshine, le dernier Danny Boyle (Trainspotting) est projeté le 10 avril à 20h15 à l'UGC Ciné Cité où vous pourrez aussi apprécier la comédie Pur week-end, tournée dans les Alpes et présentée par Kad Merad, le 16 avril à 20h30.