Article publié dans le numéro de novembre 2009 de Lyon Capitale
Les premiers pas du nouveau directeur général de l’Auditorium ont très vite suscité des tensions graves.
Entre Laurent Langlois et Jun Märkl, chef d’orchestre et directeur artistique, rien ne va plus. La nouvelle direction empiète sur les attributions du chef allemand, alors même que ce dernier doit préparer sa succession, à l’horizon 2011. La Ville, employeur des deux directeurs, doit trancher, et si aucun accord n’est trouvé, c’est peut-être à un juge que l’on demandera de se prononcer. Pour les musiciens comme pour le chef de l’orchestre national de Lyon (ONL), l’arrivée de Laurent Langlois à la tête de l’une des plus importantes institutions culturelles publiques a des airs de prise de pouvoir radicale. Voire abusive. Cet administratif qui avait rouvert puis géré l’Opéra de Rouen a été recruté par la mairie, par le biais de Bertrand Prade, directeur de cabinet de Gérard Collomb et ex-Rouennais lui-même.
Objectif visé : mener une nouvelle politique de gestion au sein de l’Auditorium. C’était sans compter l’enthousiasme de Laurent Langlois qui a également décidé de mettre son nez dans la programmation artistique. “C’est vrai que nous avons un grand désaccord, il est très difficile aujourd’hui de trouver notre place l’un à côté de l’autre”, confie Jun Märkl. Mais pour lui, les choses sont claires : “il est important de dire à l’orchestre que c’est bien son chef qui a toute la responsabilité des décisions artistiques, avec toutes ses compétences et ses connaissances spécifiques.” Alertée, la Ville de Lyon minaude quelque peu, et semble ne pas vouloir se désavouer en taclant Laurent Langlois, qu’elle a accueilli à bras ouverts. Les contrats des deux directeurs sont pourtant censés présenter et déterminer leurs attributions respectives. Seul hic, celui de Laurent Langlois n’est pas disponible alors qu’il devrait l’être comme celui de Jun Märkl, visible sur Internet.
Une carte de visite écornée
Le document n’apparaissant nulle part, la justice pourrait, selon nos informations, être saisie afin de trancher sur les missions contractuelles de l’un et de l’autre. Pour Jun Märkl, le moment est d’abord à la discussion avec la ville. “Je veux donner à mon successeur un orchestre motivé avec un niveau très élevé, c’est ce que je défendrai jusqu’à la fin de mon contrat”, plaide-t-il. Il craint d’autant plus pour l’avenir de l’orchestre que les premiers choix de Laurent Langlois ne lui semblent pas de bon augure.Pour lui, si les ensembles invités à l’auditorium restent l’affaire du directeur général, c’est l’orchestre lyonnais qui doit être la priorité dans le budget. “C’est la meilleure carte de visite de la ville, à travers le monde. Je suis en tournée actuellement en Espagne avec l’orchestre de Leipzig, alors qu’à l’origine je devais la faire avec l’ONL, regrette-t-il. Mais on a décliné l’invitation pour des raisons de budget. C’est très dommage.” Et préjudiciable semble-t-il pour l’ensemble lyonnais, qui se prive ainsi de relations avec l’Espagne pour les prochaines années à venir. La question que pose Jun Märkl est, en filigrane, déterminante : que va devenir l’orchestre et quel rayonnement va-t-il offrir à Lyon ? La question reste en suspend.