Pourquoi l’ouverture du Razzle à Lyon semble compromise ?

Après avoir investi 1,7 million d’euros dans son projet de bateau-phare, l’équipe du Razzle craint que son club ne s’installe jamais à Lyon. Un blocage qui viendrait du maire de Lyon, M. Gérard Collomb.

Après quatre ans de travail, 1,7 million d'euros d'investissement et les premiers recrutements, le Razzle risque finalement de ne jamais s'amarrer à Lyon. Ce qui fait l'originalité de ce club, déjà présent à Paris et Bordeaux, est aussi ce qui lui pose problème : ce bateau-phare a besoin d'un emplacement, que les pouvoirs publics lui refusent.

Alors que la programmation était actée, l'ouverture, prévue le 19 janvier, a dû être reportée. Le bateau-phare attend patiemment à Marseille, alors que les travaux sont terminés, que la situation se débloque.

Première étape : obtenir un rendez-vous à la métropole

D'espoirs en déceptions, depuis 2013, l'équipe du Razzle a essuyé une série de refus. Le premier projet d'implantation devait se faire dans le quartier de la Confluence. L'équipe se rapproche alors de la mairie de Lyon pour avoir son aval, nécessaire afin d'obtenir un avis favorable du Grand Lyon. "On nous dit que le quai n'est pas prêt techniquement. Que les travaux seront longs et coûteux", raconte l'équipe. Pas question d'abandonner, le Razzle modifie ses plans d'implantation.

Un emplacement est disponible dans le 9e arrondissement et les discussions s'engagent. En mai 2015, l'équipe a finalement rendez-vous avec le service Culture de la mairie de Lyon. Deuxième déception : l'équipe du Razzle n'est pas lyonnaise, on leur affirme qu'un projet extérieur ne fonctionnera pas. Quelques mois plus tard, en août 2015, on leur explique dans un mail qu'il y aurait une "sur-offre de lieux culturels à Lyon". "On nous dit que l'arrivée du Razzle risque de fragiliser les salles existantes."

Après de longues négociations, un énième refus

Pourtant, l'équipe parvient à convaincre et obtient enfin, le 27 avril 2016, un rendez-vous à la métropole. Le Razzle semble séduire. "Nos interlocuteurs sont enthousiastes." Mais l'emplacement de Vaise est désormais compromis, pour des raisons inconnues. Le maire du 9e arrondissement, Hubert Julien-Laferrière, soutient pourtant le projet.

Après de longs mois de silence, la direction du Razzle a finalement la confirmation orale qu'un emplacement à Caluire-et-Cuire va leur être accordé. Quelques jours plus tard, ils reçoivent pourtant un courrier indiquant que l'emplacement est soumis à un appel à projets. Entretemps, l'ouverture a été annoncée et l'inquiétude grimpe face au silence des pouvoirs publics. Finalement, le 23 décembre dernier, ils reçoivent un avis défavorable de la mairie de Caluire-et-Cuire. Le Razzle n'est pas près d'ouvrir.

Sur-offre de clubs électro ou blocage politique ?

Alors, qu'est-ce qui bloque ? Pour l'équipe du Razzle, il n'y a pas de "sur-offre de lieux culturels à Lyon". La capacité du bateau-phare (300 personnes), ainsi que la programmation très alternative plaçaient plutôt le lieu en complément des clubs existants. Par ailleurs, ils avaient finalement obtenu un avis favorable de la mairie de Lyon, indiquant que ce n'était plus un sujet de blocage.

Le refus viendrait d'en haut. "Des collaborateurs de Gérard Collomb, favorables au projet, nous affirment que le maire de Lyon s'y oppose, explique Rihab Hdidou, codirectrice et chargée de communication du Razzle. Mais son refus n'a pas été motivé." Malgré les sollicitations, le sénateur-maire de Lyon n'a donné aucune réponse. Face à un tel blocage, l'équipe se sent impuissante. L'inquiétude est encore montée d'un cran. "Si la banque sent que le projet perd en viabilité, elle peut nous lâcher à tout moment", craint-elle.

La métropole ne souhaiterait pas plus de bateaux stationnaires

La métropole de Lyon se justifie. Le 17 août 2016, Roland Bernard, conseiller délégué chargé du fleuve, indiquait dans un courrier adressé à M. Mona Van Cocto, le propriétaire, qu’"aucun emplacement correspondant à ses attentes n'était disponible". Une position réfutée par l'équipe du Razzle, qui a toujours l'emplacement du 9e arrondissement en tête.

Par ailleurs, les services de la métropole indiquent vouloir "favoriser le développement des bateaux à passagers naviguant sur le territoire de l'agglomération" et que "dans un contexte de pénurie de linéaire fluvial, la métropole de Lyon ne souhaite pas accroître le nombre de bateaux stationnaires".

Le public mobilisé pour faire fléchir Gérard Collomb

Dernière tentative pour débloquer la situation : une pétition a été lancée sur la plateforme Change.org par l'artiste Sacha Mambo. "C'est notre dernière carte", admet Rihab Hdidou. Plus de 6 500 personnes l'ont déjà signée. "Il y a une très forte adhésion du public lyonnais", explique-t-elle.

Pour Rihab, hors de question de recommencer à zéro ailleurs. "Ce projet a été conçu et pensé pour Lyon, explique-t-elle. De toute façon, on n'a ni le temps ni l'argent pour tout recommencer dans une autre ville. Tout ce que l'on demande à Gérard Collomb, c'est qu'il nous laisse une chance de défendre notre projet."

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