Il y a 30 ans, dans la nuit du 3 au 4 juillet 1987, la France reconnaissait coupable, pour la première fois, un individu de crime contre l’Humanité, après 37 jours d’audience. Des années plus tard, le procès de Klaus Barbie résonne plus que jamais avec l’actualité.
"Ce procès a été une page écrite indispensable et une merveilleuse leçon de justice, estime Alain Jakubowicz, avocat et président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). On ne voit pas la résistance après cet événement comme on la voyait avant." C’est pour se remémorer cet instant qu’une commémoration avait lieu, lundi soir, dans la "salle des pas perdus" du Palais de justice, à l’endroit même où le "boucher de Lyon" a été condamné 30 ans plus tôt. Un devoir de mémoire nécessaire, en particulier pour que les générations futures n’oublient pas. "Cela est destiné à montrer à la jeunesse ce à quoi peut mener le fanatisme, c’est plus que jamais d’actualité, explique Jean-Olivier Viout, procureur général honoraire ayant participé au procès Barbie. Cette commémoration, c’est un passage de témoin, une piqûre de rappel." D’actualité aussi suite au décès de Simone Veil, vendredi dernier, figure de la Shoah à laquelle ont pensé Régis Vanhasbrouck, premier président de la Cour d’appel de Lyon et Sylvie Moisson, procureure générale, dans leurs discours d’ouverture.
Lors de cette cérémonie, les noms des 80 personnes disparues durant la rafle de la rue Sainte-Catherine, en février 1943, ainsi que ceux des 44 enfants et des éducateurs de la colonie d’Izieux raflés en avril 1944, ont été lus. Dans la "salle des pas perdus", raisonnaient également des extraits de témoignages de victimes torturées par Barbie, ponctués d’intermèdes musicaux, comme pour tenter de panser les plaies.