Actrice exceptionnelle, Norah Krief s’est emparée des sonnets shakespeariens dans un spectacle à plusieurs versions, mais surtout rock’n’roll. Ce mercredi et jeudi au théâtre de la Renaissance.
Au début des années 2000, Norah Krief avait mis la main sur les sonnets de Shakespeare et, sous la direction d’Éric Lacascade, en avait fait la matière d’un spectacle électrique où elle chantait les vers à la façon de Patti Smith ou de Janis Joplin. Elle nous offrit un magnifique moment où se mêlaient rock’n’roll et théâtre. Un spectacle qui permettait de surcroît d’apprécier la poésie de Shakespeare de manière inédite.
Les Sonnets occupent une place singulière dans l’œuvre du dramaturge : ils abordent le sentiment amoureux par le truchement de 152 poèmes (dans l’édition originale) où l’auteur exprime son amour à un mystérieux destinataire qui a fait savoir qu’il ne répondrait pas. Ce qui n’empêche nullement le poète de l’exhorter, par exemple, à avoir des enfants, ou de lui donner des conseils sur l’infidélité.
“Des choses bouleversantes et crues”
Richard Brunel, le directeur de la Comédie de Valence, à qui la comédienne a demandé son aide pour donner au spectacle une nouvelle jeunesse, a fourni un important travail sur l’œuvre. En modifiant l’ordre original des sonnets, il parvient à ce que l’on puisse y entendre une histoire qui raconte la vie de l’auteur de Roméo et Juliette, sa rencontre avec un homme, son amour éperdu pour lui, puis la jalousie, la vieillesse et la sagesse.
Richard Brunel se déclare enchanté de sa collaboration avec Norah Krief : “Quand Norah est venue me demander de reprendre son spectacle conçu avec Éric Lacascade, j’ai considéré cela comme un cadeau. Elle a beaucoup travaillé sur sa voix avec un coach vocal et aujourd’hui elle peut explorer des tonalités qui lui étaient inconnues auparavant. C’est resté très rock, mais c’est devenu un autre spectacle, dans la façon notamment d’interpeller le public. On y entend des choses bouleversantes et crues sur le désir, sur l’intime.” Aperçu en vidéo ci-dessous.