Dans Le Fantasme de l’échec, Véronique Bettencourt creuse malicieusement la notion d’échec dans le domaine artistique. Démonstration aux Ateliers dès aujourd’hui.
Avec sa création philosophico-théâtrale Le Fantasme de l’échec, on peut presque affirmer que Véronique Bettencourt nous la fait à l’envers. Là où la majorité d’entre nous s’interrogent sur les raisons d’un succès obtenu dans tel ou tel domaine (sans d’ailleurs toujours y trouver d’explications objectives), la comédienne a décidé d’inverser la proposition. Effectuant une manière d’enquête sociologique, elle s’est penchée sur la question de l’échec : pourquoi des livres, des spectacles, des carrières entières ne rencontrent-ils pas l’adhésion d’un large public ?
Road-movie théâtral
“Il s’agit d’une réflexion poétique et excentrique sur la notion, la question de l’échec, au sein du milieu artistique...”, nous dit-elle de sa voix acidulée, dans une des chansons qui émaillent le spectacle. On y voit Solange Dulac, son double artistique, munie de son micro-perche géant, aller à la rencontre d’artistes, écrivains, gens de théâtre, peintres, cinéastes, au cours d’un long périple. Elle en a tiré de petits films dont elle se sert tout au long du spectacle, qui devient ainsi une sorte de road-movie théâtral.
Avec le comédien Stéphane Bernard, toujours excellent, Véronique Bettencourt nous fait ainsi revivre les moments décisifs, ou simplement drôles, de son enquête auprès d’artistes qui peinent à vivre de leur art. Ils se mêlent à d’autres extraits vidéo (notamment filmés par la documentariste Marie-Hélène Roinat), à divers textes et documents piochés dans les travaux du sociologue Pierre-Michel Menger, mais aussi chez Jean-Luc Godard ou Jean de La Fontaine.
L’ensemble forme un objet théâtral singulier, délicat et subtil, porté par la personnalité attachante de son auteure.