Ou plutôt Die Winter, celui de Müller mis en musique par Schubert et offert dimanche à nos oreilles par le ténor Ian Bostridge.
Un hiver fort doux s’achevant, vient le temps de la nostalgie : celle d’un temps où des saisons existaient réellement, celle où la nature sauvage et ses frimas inspiraient poètes et compositeurs. Die Winterreise (Le Voyage d’hiver, en français) est un cycle de 24 lieder (chansons) pour voix et piano, composé par Franz Schubert en 1827, soit un an avant sa mort, sur des poèmes de Wilhelm Müller. C’est aussi l’un des fleurons du genre lieder et l’une des œuvres les plus célèbres de Schubert, tout en dramatisme et en retenue.
Saluons l’Opéra de Lyon d’avoir fait appel au ténor Ian Bostridge pour nous les livrer au concert. À l’aise dans tous les répertoires (du baroque à la musique du XXe siècle), le ténor britannique allie en effet expressivité et sobriété. Jamais trop n’en faut pour cet interprète méticuleux et sensible qui, de Purcell à Schubert, sait toujours trouver le ton juste.
C’est le pianiste Julius Drake qui sera à ses côtés dans ce chef-d’œuvre d’épure qui plonge inévitablement l’auditeur dans une atmosphère cotonneuse propice à la réception de la poésie de Müller. Comme dit le dicton, “en avril, ne te découvre pas d’un fil”.