Avec un corps caoutchouc qui lui permet de pousser très loin et sans douleur ses limites physiques, Samuel Lefeuvre questionne notre faculté à nous reconstruire après un choc ou une cassure.
Jeune danseur de 30 ans, Samuel Lefeuvre a travaillé avec les ballets C de la B dirigés par Alain Platel et avec le collectif Peeping Tom, deux compagnies belges où le corps et le psychique sont souvent mis à rude épreuve. Doté de capacités physiques exceptionnelles qui lui permettent de tordre ou d’étirer son corps plus que de raison, il sent le désir de pousser ses limites encore plus loin et décide de créer son premier solo.
Le point de départ d’Accidens (ce qui arrive) est l’idée d’un corps victime d’un accident. Il s’agit de savoir comment il va se reconstruire, se relever. Puis la pièce évolue et l’amène à questionner la notion de résilience. Comment se retrouve-t-on, comment fait-on pour rebondir après un choc ou une épreuve ? Samuel Lefeuvre apparaît tel un amas organique qui change de forme à volonté alors qu’une force intérieure pousse ce tas de chair à tout faire pour recouvrer sa forme d’origine. Force de vie, pulsion de survie ?
Ce solo est en fait un trio : sur scène, le danseur est accompagné aux platines par la musicienne Raphaëlle Latini et se retrouve immergé dans la lumière de Nicolas Olivier, qui tantôt l’enserre tantôt le libère. La musique ne cesse de le manipuler, de le triturer ; elle semble fabriquer un corps de synthèse et va jusqu’à commander ses talons et ses nerfs. Jusqu’où le corps acceptera-t-il la déformation, la cassure ? Comment y échappera-t-il ?
Découvert récemment au centre chorégraphique de Rillieux, Samuel Lefeuvre (avec ses complices) est sans doute parmi les artistes à ne pas rater lors de cette biennale, car sa démarche, très physique et porteuse de sens, semble dessiner quelque chose de nouveau dans le paysage chorégraphique.
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Accidens (ce qui arrive), groupe Entorse. Du 20 au 22 septembre, au CCN de Rillieux.
Dans le cadre de la Biennale de la danse.