Car qu'on le veuille ou non, quand on cuisine dans un restaurant, on est dans un carcan, on traîne une certaine image. A la "eat parade", tout vole en éclats. Et puis surtout, on va s'amuser ! Ce que j'aime dans la "eat parade", c'est le mariage entre gastronomie et musique.
Depuis le début d'année, vous officiez dans une boîte de jazz. Quelle place tient la musique dans votre vie ?
La musique fait aujourd'hui partie intégrante de ma vie, elle est tout aussi primordiale que la cuisine. A force d'écouter des guitaristes au Duc des Lombards, je me suis mis à la guitare. J'en joue deux heures par jour avant de me mettre aux fourneaux. Ils m'ont transmis le virus ! Plus j'avance dans la vie, plus j'essaie de prendre ma guitare dans une main et ma casserole dans l'autre.
Quelles influences ?
J'en suis resté à Neil Young et Bob Dylan : ils jouent des mélodies faciles et, ce qui ne gâche rien, je comprends quelques mots d'anglais. A vrai dire, je préfère rester dans un répertoire plutôt blues, folk, ou jazz mais pour le coup, c'est intouchable. Les jazzmen sont des monstres. De manière générale, il y en a peu de génies, peut être dix tous les dix ans. Des gens qui touchent au sublime. Laurent Garnier en fait partie.
Justement, comment avez-vous rencontré Laurent Garnier ?
C'était il y a quelques années, à l'hôtel HI de Nice où je travaille. Je l'ai rencontré autour d'une table, un soir. Je ne le connaissais pas encore. Le lendemain, il mixait devant 2000 personnes (rires). Je peux te dire que ça a été une leçon de modestie car c'est vraiment quelqu'un d'effacé vis-à-vis de sa musique et à côté, il y a une véritable idolatrie autour de cet homme. Il a un pouvoir extraordinaire et une simplicité qui te dépassent et que, finalement, tu ne pourras jamais atteindre. Ma plus grande joie c'est qu'il est prochainement programmé au Duc des Lombards, comme quoi le jazz et l'électro ne sont pas du tout incompatibles.
Que vous inspire sa musique ?
Les premiers temps, j'étais loin d'être accro. C'était plus de la curiosité qu'autre chose. Et puis j'ai voulu entrer dans son univers. J'ai quitté ma galaxie pour en gagner une autre où c'était lui la star. Et dans cette galaxie-là, je peux t'assurer que dès que tu commences à lever le pied pour taper par terre, c'est fini, tu es pris dedans. Très sincèrement, si j'avais rencontré quelqu'un d'autre que lui, je n'aurais probablement pas accroché à l'électro. Il faut avoir la chance de rencontrer une fois un Laurent Garnier pour aimer l'électro.
Vous pensez faire un tour aux Nuits Sonores ?
Le Buldo prévoit 4 000 personnes à la "eat parade", autant dire que ça risque d'être un peu speed (sourires). Mais on m'a dit que Laurent jouait samedi soir, j'irai le voir.
Que représentent les Nuits Sonores pour vous ?
Ce festival a fait suite à la biennale d'art contemporain dans la manière d'être perçu en Europe. Par exemple à Paris, aujourd'hui, quand tu parles des Nuits Sonores, tout le monde connaît. Tu ne peux pas savoir comme c'est important la perception d'une ville quand on n'y est plus. La vraie image de nouveauté de Lyon passe par le vélo, par les berges, par les biennales de danse et d'art contemporain et par les Nuits Sonores qui sont véritablement devenues la griffe de la nouvelle génération.
A ce niveau-là, Lyon est un détonateur de talents. En fait, plus on ose à Lyon, plus ça marche en Europe. Pour moi, les idées ne valent rien s'il n'y a pas une poignée d'hommes qui lancent le truc, même si c'est complètement fou. Ce qui était le cas pour un festival électro en pleine ville. Aujourd'hui, cette fête dépasse les organisateurs et c'est nous qui nous raccrochons derrière. Lyon doit faire corps, être unie. Alors, à ce moment, Lyon est vraiment très grande. Maintenant, la prochaine étape, ce sont les cuisiniers qui doivent la lancer.