Plume incontournable de la presse culturelle française de 1973 jusqu’à sa mort tragique en 1986, “Paca” fut l’un des premiers journalistes stars de Libération. La nouvelle version de sa biographie* par les éditions Le Mot et le Reste le fait revivre ainsi que toute une époque.
Dandy au physique disgracieux, homosexuel, Alain Pacadis est un atypique. Connu pour avoir été l’un des premiers à défendre le punk en France, son passage dans l’émission Apostrophes est resté célèbre : devant une France perplexe, il répond tout en provocation aux interrogations de Bernard Pivot qui lui demande d’expliquer ce nouveau mouvement.
Pacadis n’en était pas moins lucide. En octobre 1977, bien avant le groupe Bérurier Noir, il écrit dans l’édition française de Playboy : “À Paris, il s’agit surtout de suiveurs. On s’habille punk parce que ça fait bien, parce que c’est une nouvelle mode, comme on avait été hippie ou rétro. Si, à Londres, le mouvement s’est entendu parmi les classes les plus défavorisées (jeunes chômeurs, jeunes qui quittent l’école et ne trouvent pas d’emploi), c’est dans un milieu plus chic que s’est instauré le punk parisien. […] Maintenant, on ne peut plus aller à une soirée, à une party, sans rencontrer des punks chic habillés de façon très voyante, ça égaie l’assistance. Les punks jouent un peu le rôle de clowns, de bouffons et ils se complaisent dans cette tâche.”
Retracer la vie d’Alain Pacadis, c’est sans conteste évoquer l’atmosphère d’un passé déjà lointain : manifestations de Mai 68, naissance du cinéma X, arrivée du McDo en France, premiers ravages du sida, mode et nightclubbing exubérants. On s’y replonge pourtant volontiers, tant le personnage fascine encore. Grand ami de Serge Gainsbourg et des Stinky Toys, Pacadis était l’âme de son époque.
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* La première version, intitulée L’Esprit des seventies, était parue aux éditions Grasset en 1994.