Avec un lit comme seul élément scénographique, Serge Ambert nous remémore la puissance, la rage mais aussi la folie du grand danseur et chorégraphe russe Vaslav Nijinski. Ce mardi au théâtre Astrée.
Obsédé depuis de nombreuses années par la vie de Nijinski, le chorégraphe Serge Ambert livre à travers le solo Comme un bond en plein ciel toutes ses émotions ressenties devant l’artiste russe, mort de folie en 1950 à l’âge de 61 ans après avoir subi de longues périodes d’enfermement.
Cette pièce se pose dans le cadre d’un travail qu’il a mené sur la schizophrénie auprès de malades en hôpitaux psychiatriques, notamment celui de Dijon. Dans cette confrontation avec des corps en souffrance, il a retrouvé les traces d’un Nijinski écorché vif, un génie créatif en proie aux démons, et nous propose de mieux le comprendre et le regarder.
Comme un bond vers la résilience
S’il se sert des versions si particulières du Sacre du printemps et de L’Après-midi d’un faune, Serge Ambert se rappelle surtout le dernier acte de danse que le danseur effectua, dans un sanatorium suisse où il se reposait. En 1939, le chorégraphe ukrainien Serge Lifar lui rend visite et, pour le sortir de la torpeur dans laquelle il sombrait, se met à danser devant lui des extraits du Faune et du Spectre de la rose, deux grands rôles que Nijinski a créés. Face à ces évocations, celui-ci se met à exécuter un saut vertigineux, immortalisé par le photographe Jean Manzon. Ce saut comme un bond vers la résilience fut le dernier qu’il exécuta.
Serge Ambert met son corps en jeu dans un face-à-face avec un lit, unique décor de la pièce. Un lit prison, lieu de refuge et de divagation. Un lit laissant échapper des sursauts de liberté et de vie.