Faute de communication, on ne peut pas dire que la nouvelle ait fait sensation. C'est d'autant plus regrettable que l'installation est d'une qualité remarquable.
Pour une fois que Lyon grille la politesse à Paris, personne, ou presque, ne le sait. Créée pour la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, où elle s'installera dès le 17 novembre, les créateurs voulaient que l'exposition apparaisse dans une ville de province avant de s'installer dans la capitale.
Une succession de tableaux, de destins de Maghrébins, souvent algériens, qui ont apporté leur énergie, leur créativité, et parfois leur sang, à la France. Des textes précis, renforcés par de nombreuses photos, des archives audio et des vidéos, tout est présent pour que le visiteur s'identifie et s'immerge, en parcourant les textes de Kateb Yacine et en écoutant les chansons de Slimane Azem.
Mourad Laangry, responsable des expositions, regrette le " mauvais calendrier " qui les a forcé à accueillir ce " bijou " en plein été, et explique même que " seulement 1000 programmes ont été imprimé, quand d'habitude les chiffres oscillent entre 24 et 50 000. "
Si l'équipe des archives municipales semble agréablement étonnée des chiffres de fréquentation - entre 20 et 40 personnes par jour, même en août - malgré " l'absence de 4x3 et de grosse campagne ", difficile de ne pas évoquer un demi-gâchis. Pourtant la ville de Lyon, Najat Vallaud-Belkacem en tête, semblait très impliquée dans le projet. Aux archives municipales, on évoque des problèmes budgétaires.
Du coup, les écoliers et les autres ont manqué une exposition qui met en perspective la présence maghrébine dans notre quotidien, de l'Emir Abdelkader au groupe Carte de séjour, en passant par Habib Bourguiba et Vigon, chanteur soul d'origine marocaine (à voir : le scopitone de sa reprise d'Harlem Shuffle). Plus que trois jours pour découvrir cet îlot de culture maghrébine au coeur de Lyon, avant son départ pour la capitale. Foncez.
Manuel Desbois
Les commentaires sont fermés