ART – L'édition 2010 du concours ARTAQ présente une sélection de ses lauréats à l'IUFM, du 17 mars au 29 avril. Du street art aux arts urbains, Yves Suty le directeur et co-fondateur de cet événement nous aide à y voir un peu plus clair dans une discipline en pleine mutation où les codes sont quasi inexistants.
Lyon Capitale : Pouvez-vous nous définir ce qu'est Artaq ?
Yves Suty : Nous sommes une association à but non lucratif, qui organise un concours dans le but d'aider à promouvoir les “enfants“ du street art. On les aide à aller sur le devant de la scène, à être valorisés, connus et reconnus. Nous avons organisé un festival à Angers, des expositions à Paris et Bruxelles et nous sommes aussi allé à Berlin, la capitale du street art, pour montrer le travail des lauréats des Artaq Awards.
Parlez-nous de ce concours...
L'ambition est de faire une photo de ce qui s'est passé dans les rues pendant l'année qui s'est écoulée. Les inscriptions et sélections se font par Internet, ce qui nous permet de toucher un panel d'artistes mondial, allant de l'Asie à l'Amérique Latine en passant par tous les pays de l'Europe. Le jury est composé de journalistes spécialisés et de personnes du milieu, mais on n'a pas vraiment de “stars“ comme Banksy par exemple, qui pourraient être influencés en fonction de leurs goûts. On organise ce concours pour aider les artistes à exposer et à se faire connaître du public. L'idée c'est de lancer la carrière d'un artiste et l'aider à gagner sa vie.
Ce qui est un peu tabou en France, non ?
Oui énormément. Ceux qui gagnent leur vie dans les milieux artistiques sont vus comme des vendus par leur profession. Mais nous on préfère cela plutôt que ceux qui font faire la déco de leur bar contre quelques bières.
Que gagnent les lauréats ?
Ce concours est une sorte de tremplin. Déjà cette exposition est une sélection de ce que nous avons proposé au festival d'Angers. Puis ils sont exposés dans notre livre/catalogue, aux côté de grands noms du street art. C'est donc une chance énorme pour eux. Et surtout c'est une très bonne ligne à rajouter sur leur carte de visite.
Street art, arts urbains, graffitis, on s'y perd un peu. Pouvez-vous nous recadrer un peu tout cela ?
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que comme son nom l'indique, le street art est né dans la rue. Au départ, le but était d'afficher sa signature dans les endroits les plus improbables-interdits de préférence, pour impressionner ses amis et être connu dans le quartier. Ce n'est pas un art politisé (à part quelques très rares exceptions), les gars sont là pour s'éclater. Puis au fur et à mesure les signatures étaient plus grosses et plus jolies. Puis les fresques murales sont apparues, les supports se sont diversifiés et le street art s'est vraiment développé. Les artistes ont recherché à faire quelque chose de plus esthétique, en conservant le côté “vandale“.
L'intérêt de cette forme d'art c'est que les artistes n'ont presque pas de contrainte, si ce n'est le fait de ne pas se faire pincer par la police. Mais depuis quelques années, il y a un intérêt grandissant pour cet art, et les artistes souhaiteraient vivre de leur travail. C'est ainsi qu'est né le concept des arts urbains, dont les origines viennent du street art mais qui peut s'exposer en galerie. Les artistes savent très bien s'adapter, passer d'un support à un autre, de la rue à la galerie. Ce sont des autodidactes, qui n'ont pas de codes qui les restreint, ils s'inspirent du quotidien.
Est-ce que Lyon est une ville riche en arts urbains ?
Pas énormément, mais le street art n'est pas un art que l'on peu cantonner à une école, une ville ou un pays. Comme je le disais c'est un mouvement universel, et le challenge pour les street artistes c'est d'aller de ville en ville et de pays en pays. Ils voyagent beaucoup et s'enrichissent de toutes ces expériences.
Mais j'espère que cette exposition et d'autres manifestations vont contribuer à faire connaître les arts urbains aux lyonnais et au grand public de manière générale.
Comment s'annonce votre deuxième édition ?
Au vu du succès de notre première édition l'année dernière, avec 390 artistes, cette année s'annonce très bien. Il y avait cinq catégories l'année dernière comme la sculpture, le graffiti-peinture ou les arts numériques. Cette année il y en aura dix. Nous avons déjà plus de 500 participants pour ce cru 2011, ce qui va nous permettre de pouvoir être encore plus pointus.
Exposition Artaq à l'IUFM : Galerie IUFM Confluence(s) 5, rue Anselme - 69004 Lyon
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h, le samedi de 14h30 à 18h
Renseignements : 04 72 07 30 74
Plus d'informations sur le site d'Artaq en cliquant ici.