Etats-Unis. 1h49
Tom Ludlow est le meilleur détective d'une unité spéciale de la police de Los Angeles. Son supérieur, le capitaine Wander, ferme les yeux sur ses procédés souvent "hors normes" et le protège lors de différentes enquêtes internes. Suite à l'assassinat de son ancien équipier, Ludlow doit lutter seul contre le système corrompu pour qu'éclate enfin la vérité.
L'ennui avec un film comme Au bout de la nuit, c'est sans doute de passer derrière des œuvres références sur le même thème. A savoir, la corruption des forces de l'ordre. Un sujet éculé depuis Serpico, de Sidney Lumet, Training Day, d'Antoine Fuqua - dont David Ayer a d'ailleurs signé le scénario - ou encore la série télévisée The Shield, signée par Shawn Ryan. Le long-métrage apparaît pourtant comme un divertissement décérébré plutôt sympathique, mais manque cruellement d'arguments pour faire oublier ses prédécesseurs. Sur le papier, le film avait tout pour séduire. Inspiré d'un scénario du maître du polar James Ellroy, l'homme derrière le Dahlia Noir et L.A Confidential, on pouvait franchement s'attendre à mieux. Malheureusement, l'action, située initialement après les émeutes de 1992 qui avait fait trembler Los Angeles, se voit ici transposée dans notre millénaire et néglige totalement le contexte ethnique brûlant de l'époque. Une situation qui aurait été plus à même de générer un peu de fraîcheur dans un film qui en manque cruellement. Délaissant cette piste, David Ayer préfère s'entourer de clichés éculés. On retrouve bien évidemment le flic ravagé qui s'enfile des mignonettes de vodka comme d'autres des donuts à la vanille. Keanu Reeves, dans le rôle du policier désabusé, boit, râle et déprime. Normal, il est flic à Los Angeles... Surprenant tout de même quand on a sa petite gueule d'amour inexpressive, la réputation d'être le meilleur agent de la ville et une copine à tomber. Pourtant, Keanu n'est définitivement pas bien dans sa peau depuis que la dépouille de sa précédente épouse a été retrouvée devant un hôpital, déposée de manière anonyme par un amant bien peu scrupuleux. Ce qui rendrait finalement sympathique ce personnage qui répond œil pour œil à la violence des malfrats, butant à tout va, maquillant les scènes de crime entre deux interventions musclées. L'action, plutôt efficace au demeurant, se mue alors en un message ambigu qui laisserait presque entendre que certaines violences policières sont justifiées, voire nécessaires. De quoi remémorer des souvenirs bien douloureux à un certain Rodney King qui, il y a un peu plus de quinze ans, n'en demandait pas tant...