La ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, était au musée des Beaux-Arts de Lyon ce jeudi pour présenter l’orientation des “musées du XXIe siècle”. L’occasion de revenir sur l’avenir du musée des Tissus.
C’est Lyon que la ministre de la Culture a choisi pour présenter le rapport de la “mission musée du XXIe siècle”. En mai dernier, Audrey Azoulay avait demandé à l’ensemble des musées de France de participer à cette réflexion pour définir la place et le rôle des musées. Une réflexion supervisée par Jacqueline Eidelman, conservatrice générale du patrimoine, présente au côté de la ministre ce jeudi au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Création et démocratisation
S’adapter aux évolutions de la société, c’est ce que veulent les musées pour le XXIe siècle. Le musée ne doit plus être considéré comme "un univers poussiéreux", tel est l’objectif annoncé par le président de l'un des groupes de travail pour ce rapport. Pour cela, l’issue des réflexions marque notamment la volonté des musées d’aller davantage à la rencontre du public et de s’ouvrir à un "public contemporain, de diversité, et de métissage des cultures". À l’ère du numérique, les établissements souhaitent aussi moderniser la présentation de leurs collections. Sans oublier que le musée est un espace de création. Une création qu'il faut encourager, selon le rapport.
La culture comme “instrument d’émancipation sociale”
Si la ministre de la Culture a cité Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts dans les années 1930 qui voyait la culture comme un "instrument d'émancipation sociale", c’est aussi pour marquer l’orientation dans laquelle elle veut engager le musée du XXIe siècle. Audrey Azoulay a surtout insisté sur la nécessité de "renouveler" le rapport au public dans l'objectif de "rassembler les citoyens au musée dans l’optique du vivre-ensemble", d’"affirmer le musée comme un lieu de création et d’innovation à l’ère du numérique" et de "faire de la jeunesse une priorité". Ainsi la ministre de la Culture veut-elle faire du musée un lieu d’insertion sociale, souhaitant l’amener vers "les publics les plus éloignés de la culture". Audrey Azoulay a aussi rappelé la nécessité de "formuler le rôle des grands départements" dans cette mission d’avenir pour les musées.
Si Audrey Azoulay a parlé de quelques vagues mesures, notamment de label pour les musées et de bourses pour la recherche artistique, la politique culturelle reste assez floue pour le moment. Si un financement est "prévu pour 2017", a déclaré la ministre, il ne reste que deux mois de mandat, soit trop peu de temps pour envisager de lancer une grande politique culturelle.
Quel avenir pour le musée des Tissus ?
Georges Képénékian, le premier adjoint et l'adjoint à la culture du maire de Lyon, s’est réjoui que cette présentation ait lieu à Lyon. Il a souligné l’importance du rapport pour l’avenir des musées. Des lieux qui "font partie de l’armature politique et culturelle de Lyon par leur présence auprès des habitants", a-t-il déclaré.
Le premier adjoint a fait un point sur les perspectives lyonnaises : les musées de Lyon sont en évolution permanente. La municipalité souhaite placer les acteurs de la culture et l’homme au centre de cet avenir et se penser à l’international. Georges Képénékian a toutefois évoqué la compétition entre les villes, qui nécessite de trouver des solutions pour l’avenir en fonction des contraintes budgétaires. "Il faut réfléchir à l’avenir de nos musées, leur financement et leur projet", a-t-il déclaré.
Des propos qui font écho à la situation du musée des Tissus. Rappelons-le, l’avenir du musée est compromis et les discussions quant à sa sauvegarde traînent depuis plus d’un an. La CCI, propriétaire du musée, est dans l’impossibilité de financer les frais de fonctionnement depuis la coupe budgétaire de 2015. Et les différents acteurs publics (État, Région, Métropole, Ville de Lyon) se renvoient la balle.
Interrogée à ce propos, la ministre a réitéré sa volonté de mettre tous les acteurs autour de la table et s’est d’ailleurs réjouie que la Ville de Lyon soit "de nouveau plus investie". Audrey Azoulay a précisé que l’État jouerait son rôle, car "la collection exceptionnelle du musée représente un intérêt d’État", mais le soutien financier se fera de "manière consentie avec l’ensemble des collectivités territoriales".
À ce propos, la ministre a annoncé qu’une nouvelle étape dans l’étude financière était en cours, portée par le ministère de la Culture, le conseil régional et le CCI, qui travaillent sur un nouveau modèle économique et scientifique du musée. Les réponses seront annoncées fin mars.