Balade artistique dans la ville

Mais au détour de balades printanières, quelques œuvre singulières transforment le regard sur l'espace public.
Les statues monumentales, de Xavier Veilhan, cité internationale, Lyon 6e
Une jeune fille en rollers, un livreur de pizzas, un ours, trois pingouins et un homme au téléphone portable culminant à 8,20 m de haut... voilà les six "Habitants" conçus par l'artiste Xavier Veilhan pour la Cité internationale en 2006. Toutes de couleurs flashy - "à la fois décalées et arbitraires" selon l'artiste - et d'échelles différentes, les statues sont moulées dans de la résine polyester. Disposées le long du kilomètre de rue intérieure de la Cité, mais aussi devant le palais des congrès et la salle 3000, ces statues suscitent des réactions diverses. Mais, le cadre dynamique au portable orange - même pas sponsorisé par Orange !? - fait un tabac : un effet miroir dans la cité d'affaires ?

Fontaine des Géants œuvre d'Anne et Patrick Poirrier, Espace Jean Monnet à Villeurbanne

Cette œuvre de 1984 fait référence à l'épisode mythologique du combat des titans contre l'Olympe. Ces géants qu'on croyait invincibles ont été tués par l'alliance d'un Dieu et d'un mortel, Zeus et Héraclès, à l'issue d'un rude combat.
Cet amoncellement de rocs épars à demi-noyés dans l'eau, de flèches de bronze, de colonnes et bris de statue en marbre, allie force et fragilité. De ce champ de bataille irréel, vision d'apocalypse ancestrale, surgissent une bouche qui esquisse un sourire et un œil grand ouvert sur le monde, clin d'œil de marbre d'une cité bi-millénaire qui ne possède pourtant aucun vestige de cette lointaine période.

Giratoire de Patrick Raynaud, carrefour des Buers à Villeurbanne

Déboussolant ! L'automobiliste cherchant le centre-ville, le périphérique nord ou l'A42 risque de tourner en rond longtemps... L'ensemble giratoire créé par Patrick Raynaud n'indique en effet que des directions improbables comme Kyoto, Vérone, Santa Fe ou Thessalonique ! Invitation au voyage, cercle vicieux - ou vertueux - de la mondialisation, toupie vide de sens ou en perte de repères, cette sculpture giratoire, a suscité un véritable tollé lors de son installation, en mai 1989 : les riverains se sont rebellés et ont maculé les panneaux.

Vue de la cheminée de Felice Varini, parc du centre à Villeurbanne

Cette œuvre monumentale est une commande de Villeurbanne pour marquer le début du 3e millénaire. Elle s'appuie sur un vestige industriel : une cheminée d'une ancienne usine de teinturerie édifiée en 1924, acquise par la ville en 1994.
L'artiste suisse Felice Varini a tendu en forme d'arc une passerelle d'acier peint en noir qui traverse la cheminée de part en part à 5 mètres du sol ; sa création joue simplement sur les lignes horizontale et verticale et relie les deux côtés longitudinaux.

Le parc de la Cerisaie
25 rue Chazière, Lyon 4e

Cet agréable parc, le seul espace vert du plateau de la Croix-Rousse, environne la Villa Gillet, ancienne demeure d'une famille de soyeux qui abrite aujourd'hui une stimulante unité de recherche contemporaine (conférences, spectacles, édition...). Mais le plus étonnant est que ce parc cache, sous les frondaisons de ses grands arbres, une statuaire contemporaine de grande qualité, avec des œuvres de César, Markus Raetz, Takis, Jean-Pierre Raynaud, Bernard Pagès ou Ulrich Ruckriem. Seul problème : une fois l'acquisition faite, les services municipaux semblent s'être contentés de boulonner des plaques directement sur les œuvres, et ne s'en sont plus occupés... Résultat, le Takis est cassé, le Pagès en bien mauvais état et l'ensemble n'est vraiment pas mis en valeur.

Le jardin du palais Saint-Pierre
entrée place des Terreaux, Lyon 1er

Préservé de l'agitation urbaine par l'enceinte sobre et monumentale du musée, le jardin du palais Saint-Pierre est une petite enclave de paix verdoyante. Un lieu pour les amoureux, enlacés derrière de pensives statues, pour les vieilles dames perdues dans un souvenir souverain, pour les rires d'enfants et les croquis des étudiants. Ce jardin de cloître conçu au 19e siècle (les carrés de gazon sont bordés d'arceaux) accueille un ensemble original de sculptures en bronze, dont deux œuvres majeures d'Auguste Rodin : L'Age d'airain (1876) à l'anatomie jeune et fière contraste avec L'Ombre (1904-1905) aux contours plus flous.

Nature mature de François Magos, au parc de Gerland, Lyon 7e

Créée pour la fête des lumières 2004 par le paysagiste François Magos, une trentaine de créatures végétales, dotées d'un poumon de lumière, proposaient un moment de poésie et d'étrangeté sur les berges du Rhône.
Heureuse suprise : une partie de cette œuvre, constituée de neuf nasses végétales, est désormais exposée au Parc de Gerland, côté Saône, face au bâtiment des Salins dans lequel elle a été fabriquée. L'œuvre a perdu les multiples diodes életroluminescentes qui faisaient battre son cœur. Ne reste que la structure végétale, mais elle se fond admirablement bien dans le paysage du Parc de Gerland.

La Fresque lumière
Avenue Jean-Jaurès - Lyon 7e

C'est une première mondiale ! Ce mur peint animé mêlant dès la conception fresque et lumière a séduit un très large public. Réalisée par la Cité de la Création sur un dessin du célèbre illustrateur belge François Schuiten, cette fresque cache sous 250 kilos de peinture une carte à puce électronique géante tapissée de quatre kilomètres de fibres optiques et près de cent piots à diodes. Cette vision de Lyon en 2046 s'anime avec douceur et subtilité, selon un scénario lumière qui incite à la rêverie.

La Maison du chaos
à Saint-Romain-au-Mont-d'Or

Depuis 1999, Thierry Ehrmann travaille à l'édification d'une œuvre originale très personnelle : déconstruire son superbe relais de poste du XVIIe siècle - siège de son domicile et de sa société artprice.com - en paysage apocalyptique post-11 septembre. En huit ans, une cinquantaine d'artistes et plus de 2500 œuvres ont déconstruit, éventré, maculé son domaine de 1,2 hectares au cœur d'un paisible village de pierres dorées, des murs d'enceinte aux salons de réceptions. Coulées de lave, signes cabalistiques et images d'actualité recouvrent les murs à demi-calcinés de son domaine, tandis qu'un avion Dassault s'est crashé dans son jardin et une plate-forme pétrolière édifiée sur les toits. Un temps fermée au public, suite à une plainte du maire de Saint-Romain-au-Mont-d'Or, la Maison du chaos peut désormais à nouveau se visiter lors de journées portes ouvertes ou, sur demande, le week-end. Ehrmann prépare activement un "piratage" en marge des Nuits sonores en mai et une "borderline biennal of Lyon" en septembre.

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