Entretien avec David Bobée à l’occasion de la reprise aux Subsistances, dix ans après sa création, de “Warm”. Magnifié par la présence de Béatrice Dalle aux côtés de deux acrobates, pour une performance qui expose la sexualité féminine.
Présenté dans le Best-of des Subsistances, qui nous permet de revoir des pièces ayant marqué leur histoire, Warm met en scène deux acrobates – un porteur et un voltigeur – qui développent un duo de portés, main à main, à l’épreuve de la lumière et de la chaleur provoquées par deux murs de projecteurs. À leurs côtés, Béatrice Dalle lit un texte poétique écrit par Ronan Chéneau. Pour David Bobée, Warm est un spectacle hors norme, une performance érotique, une boule de chair où tous les éléments sont intimement liés. Entretien.Lyon Capitale : Comment aviez-vous conçu ce projet ? David Bobée : Comme une étude de la discipline acrobatique porteur-voltigeur, car c’est en les regardant travailler que je me suis rendu compte de leur sensualité, de leur homo-sensualité. Deux corps d’hommes qui se touchent, se tordent, se rattrapent. En même temps, il y avait cette magnésie, une poudre qu’ils utilisent sans cesse pour lutter contre la sueur, pour ne pas tomber et tenir. Dans le cirque, ce qui est intéressant, c’est que la contrainte est une matière créative. Si la sueur est une contrainte, elle peut devenir l’obstacle qu’il faut traverser pour développer un langage circassien. Les deux acrobates sont de grands virtuoses et les mettre dans cette situation fait qu’ils ne peuvent plus s’appuyer sur leur technique pure. Ils sont obligés de développer d’autres vocabulaires, d’autres relations pour tenir malgré l’effort, la sueur, la chaleur…
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