Il est en concert ce mardi au Transbordeur, mais affiche complet depuis un moment. On se consolera en écoutant At Least for Now, le disque qu’il a sorti en janvier…
Apparu tel un diable sorti de sa boîte avec en poche trois fois rien – à savoir quelques titres, quelques concerts affolants et pas tellement de volonté d’en montrer plus dans l’immédiat –, Benjamin Clementine a enfin franchi le pas et publié son premier album. Nous permettant de constater au passage que non, lui, l’Anglais d’origine ghanéenne à l’enfance dickensienne et à l’exil parisien n’avait pas été qu’un feu de paille trop vite cramé par un excès de carburant médiatique. C’est sans doute aussi parce que celui qui joue du piano (à moitié) debout en une drôle de posture mélangeant Little (Big) Richard et Nina Simone a pris soin d’en garder sous le pied et de ne pas brûler les étapes alors même qu’on l’attendait comme le messie.
Gospel intime
Résultat, ses chansons, qui étaient déjà là puisqu’on avait eu tout loisir de s’en ébaubir en concert*, bénéficient de l’écrin – une production d’une grande finesse balançant entre dénuement et sophistication – qui sied à leurs structures tachycardes, pleines d’élans romantiques et de désillusions, d’accélérations, de montées et de serrage de frein à main, de sérialité glassée (c’est-à-dire sous influence Philip Glass), de soul malade et de gospel intime. On savait déjà, et à vrai dire il ne pouvait guère en être autrement, que Benjamin Clementine était un futur très grand. Disons que, dans son cas, le futur n’aura pas duré très longtemps.
* Au printemps 2014, au Sucre.
Benjamin Clementine – At Least for Now, Barclay, janvier 2015.
––––