© Cécile Cayon

Biennale d’art contemporain de Lyon : l'URDLA, temple de l’estampe originale et du livre

Basé à Villeurbanne depuis 1983, l’URDLA* centre international estampe et livre intègre pour la première fois les lieux officiels de la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon. L’occasion pour le public de mieux découvrir cet espace passionnant.

Créé en 1978 à Lyon, installé depuis 1983 à Villeurbanne dans une ancienne usine rénovée sur 1 000 m2, l’URDLA est une structure associative composée d’ateliers d’impression (gravure en taille d’épargne et en taille-douce, lithographie, typographie) qui dévoilent au public huit presses historiques dont l’une des rares Voirin, monumentale, déposée par le ministère de la Culture, qui permet l’impression d’images d’un format d’1,60 par 1,20 mètre mais aussi des pierres lithographiques parfois centenaires, des œuvres réalisées et, bien sûr, le matériel nécessaire à leur réalisation : encres, papiers, etc.

© Cécile Cayon

Lieu de formation et de transmission, il est également une galerie d’art (avec cinq expositions par an mêlant les œuvres d’artistes et celles imprimées et produites par la structure) et une maison d’édition offrant un catalogue de 2 500 estampes.

Né à l’initiative du peintre et décorateur de théâtre et d’opéra Max Schoendorff et de quelques artistes qui décident en 1978 de s’associer pour sauvegarder une imprimerie lithographique désuète et vouée à disparaître, l’URDLA développe – à l’heure du numérique, de l’instantanéité de l’image et de sa diffusion – un important travail de mise en valeur et de conservation d’un savoir-faire artisanal au service de la création contemporaine.

Tous les ans, des artistes d’esthétique et de générations différentes sont invités pour une résidence qui leur permet de pratiquer les techniques ancestrales de création d’estampes, réalisant des œuvres in situ à partir de matrices qu’ils ont eux-mêmes dessinées.

“Notre engagement, explicite son directeur Cyrille Noirjean, vise à donner une place à l’image imprimée dans le monde multiforme de l’art contemporain, au même titre que les autres médias. Et, dès lors, de permettre à des plasticiens qui n’ont pas de pratique du multiple imprimé de s’y essayer et d’en mesurer les effets sur leurs œuvres.”

Sylvie Selig et Cyrille Noirjean © Cécile Cayon

Permettre aux enfants de rencontrer une pratique plastique

Des visites guidées techniques ou liées aux expositions ainsi que des ateliers de pratique sont régulièrement organisés à destination des amateurs, collectionneurs et en particulier des scolaires car, dans le projet initial, il était fondamental de permettre aux enfants de rencontrer une pratique plastique.

Dans le cadre de la nomination de Villeurbanne comme “capitale française de la culture” en 2022, l’URDLA a pris part à un ensemble de projets collectifs, inclusifs et de proximité, comme des ateliers avec l’école Rosa-Parks, qui ont abouti à la création d’œuvres exposées dans ses murs ou encore La Fabrique du Nous en partenariat avec l’IAC (Institut d’art contemporain).

Lors des rencontres, le public peut découvrir en direct la fabrication des œuvres qui seront exposées par la suite. L’artiste est toujours là, il participe aux médiations, il enseigne la manière dont il voit le monde.

L’URDLA accueille la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon

Pour la Biennale d’art contemporain, l’URDLA reçoit Sylvie Selig et Phoebe Boswell autour d’une quinzaine d’œuvres qu’elles ont créées chacune in situ et en toute liberté.

La première a travaillé à la gravure à la pointe sèche et à l’eau-forte sur le corps, le rêve, l’érotisme. La seconde au dessin des pierres lithographiques sur les représentations du corps à travers le prisme du genre et de la race.

Sept autres artistes sont présentés autour de médias divers : photo, vidéo, peinture, installation sonore… explorant toujours le corps touché par la fragilité. Le parcours de la Biennale fait ainsi passer le public par les trois espaces – exposition, ateliers, salle d’archives – afin qu’il découvre ce lieu hybride.

“Faire partie pour la première fois des lieux officiels est une reconnaissance de la qualité de notre travail, reconnaît Cyrille Noirjean.

Phoebe Boswell © Cécile Cayon

C’est exceptionnel d’avoir un lieu voué à un métier d’art, où on expose, avec des ateliers, qui soit aussi un lieu de production avec la constitution d’un matériel et la conservation d’un patrimoine.

Les deux commissaires de la Biennale ne se sont pas trompés, ils savent que la difficulté majeure de la création actuelle, c’est la production. Ils ont aussi vu l’énergie et la fragilité de ce petit lieu, bien géré, qui a ses propres ambitions avec un outil de production mis au service de la Biennale.

Quant aux deux artistes, elles ont été enthousiasmées par ce qu’elles ont découvert, et elles y ont mis la même énergie que lorsqu’elles travaillent avec leurs techniques habituelles, ça les secoue, ça les décale. Ici, les artistes créent des œuvres avec nous et, quelque part, on les met en fragilité dans leurs pratiques…


Sylvie Selig et Phoebe Boswell – Du 14 septembre au 31 décembre – 16e Biennale d’art contemporain de Lyon, URDLA, Lyon 8e - Programme complet : www.urdla.com


*Auparavant appelé URDLA (“Utopie raisonnée pour les droits de la liberté en art”)


 

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