On l’a attendue avec impatience, cette 18e biennale, tant elle nous promet des rencontres poétiques, drôles, engagées et “ovniesques”. En cette année 2018 qui célèbre, entre autres, le 100e anniversaire de l’Armistice et les 70 ans de la Déclaration des droits de l’homme, Dominique Hervieu signe une édition volontairement européenne, “pour, dit-elle, lutter contre le délitement actuel de l’Europe”. Car elle est persuadée que l’art porte une force capable d’inventer un espace commun aux peuples qui la composent, un espace solidaire et ouvert !
Ce qui caractérise cette 18e biennale, c’est le nombre de créations (dix-neuf au total) laissant la porte ouverte à des formes nouvelles ou des réflexions artistiques qui cherchent à bouleverser un certain confort chorégraphique. Ainsi sera-t-il intéressant de voir le grand écart entre un Mourad Merzouki faisant travailler ses danseurs hip-hop à la verticale, hors sol, un Rachid Ouramdane qui, après un long travail de terrain, questionne l’enfance et le devenir des enfants migrants et le collectif (La)Horde dont la danse post-Internet témoigne d’une réinvention grâce au numérique. Maguy Marin, les Peeping Tom et Oona Doherty posent leur regard sur notre société d’aujourd’hui, sa violence, l’espoir ou l’absence de sens, tandis qu’Angelin Preljocaj met les corps en apesanteur avec sensualité, que Joseph Nadj nous entraîne dans son univers photographique mis en espace et que la scène hip-hop va exploser avec la découverte des Tokyo Gegegay au cours d’une soirée réunissant également Kader Attou et Jann Gallois.
Une biennale connectée
Les arts visuels et technologiques sont en train de transformer les arts vivants. Cette biennale illustre l’importance de l’image et du numérique dans la création, tout en rappelant à travers un hommage à Merce Cunningham qu’il fut pionnier en la matière. Elle propose également une série de films sur la danse, dont certains surprenants, comme celui en 3D de Gilles Jobin qui détaille les mouvements des corps à l’aide d’avatars. Fugue VR, un film en réalité virtuelle de Michel Reilhac, permettra au spectateur d’expérimenter de l’intérieur la chorégraphie de Fugue Trampoline, pièce de Yoann Bourgeois. On retrouvera ce merveilleux artiste dans l’ancien musée Guimet, juste avant sa fermeture pour travaux, dans une nouvelle création qui s’annonce aussi poétique que mystérieuse : Histoires naturelles, 24 tentatives d’approches d’un point de suspension au musée Guimet.
Le défilé se réapproprie son territoire originel
Le défilé de la biennale retrouvera dimanche prochain (16 septembre) son territoire d’origine, la rue de la République, avec un thème emblématique : la paix. Portée par treize groupes de la région, la parade aboutira, place Bellecour, à un final incroyable, en trois temps : un concert de 300 chanteurs amateurs, suivi de la pièce Passants de Yoann Bourgeois et de l’Imagine de John Lennon dansé et chanté à l’unisson avec le public. Un joli message de paix pour ce défilé dont la marraine est Latifa Ibn Ziaten, la mère du soldat tué par Mohamed Merah.