Colorée et politique, accueillant une Afrique généreuse, la Biennale de la danse aura lieu du 1er au 16 juin. Des spectacles choc ou joyeux, galvanisés par l’émergence de jeunes artistes et la présence de chorégraphes essentiels.
Elle devait avoir lieu en Septembre 2020, la 19ème Biennale de la danse aura lieu du 1er au 16 juin, invitant 43 compagnies internationales venues de 21 pays sur 37 villes de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Remaniée sous le joug des contraintes sanitaires, la programmation engagée de Dominique Hervieu sa directrice, illustre le chaos d’une société à repenser, faisant la part belle à l’énergie des artistes, aux revendications de la jeunesse et son désir d’un autre monde. Portée par un esprit de résistance, cette Biennale est remplie de pépites qui proposent aux spectateurs de s’aventurer sur des chemins inconnus, à la redécouverte du sens profond que donne l’acte de créer à notre humanité.
Une Biennale inscrite dans la saison Africa2020
Inscrite dans la saison Africa2020, elle accueille des artistes qui viennent de 16 pays d’Afrique créant un pont entre les générations d’artistes qui ont transformé ce continent en un territoire incontournable du renouveau chorégraphique international. On salue la venue de Germaine Acogny, chantre de la danse contemporaine et traditionnelle africaine depuis les années 1970 et celle de Serge Aimé Coulibaly, originaire du Burkina Faso qui avec Wakatt dénonce la manipulation de la peur qu’exercent les politiques sur les populations pour accroître leur pouvoir. On attend avec impatience de découvrir Re:Incarnation du chorégraphe nigérian Qudus Onikeku revisitant l’afrobeat des années soixante-dix avec le hip-hop et la funky house d’aujourd’hui interprétés par de jeunes danseurs qui se sont formés en échangeant des vidéos sur Youtube. La pièce la plus attendue est Omma de Josef Nadj, immense artiste, danseur, chorégraphe, photographe et homme de théâtre qui revient à la danse pure considérant qu’elle est, comme le mouvement, aux sources de l’univers. Il accompagne huit danseurs africains exceptionnels dans une quête existentielle d’une grande puissance.
Des pièces choc
Annoncée comme l’évènement de la Biennale, Transverse Orientation du Grec Dimitri Papaioannou nous envoûtera avec une scénographie mettant à nu la violence du monde, la transfigurant avec des corps et des visions surréalistes. Une violence que l’on retrouve dans l’univers de Marlene Monteiro Freitas, artiste cap-verdienne qui avec Mal-Embriaguez Divina met en scène de façon spectaculaire le mal comme étant au centre de notre univers éthique, moral, judiciaire et religieux et qui permet à des hommes d’en contrôler d’autres ou de porter atteinte à leurs libertés. Le circassien Mathurin Bolze nous propulse avec Les Hauts Plateaux sur les ruines provoquées par les guerres, les exils, les exodes climatiques, des ruines symboles d’insurrections. Il tente à travers la poésie et les envolées solidaires d’imaginer et créer un autre monde.
Une jeunesse en urgence de dire !
Le chaos, ils le voient et le transforment en des créations fulgurantes avec de jeunes danseurs. Olivier Dubois présente Itmahrag pièce qui s’inspire d’une danse née en 2011 dans les quartiers du Caire après la révolution. Sauvage et retentissante, elle s’exprime sur une musique intense et saturée. Avec Room with a view, le collectif (La) Horde emmène le Ballet national de Marseille dans une incarnation physique de ce que doit être l’éveil des consciences face à l’écroulement de nos sociétés. Sur scène, les danseurs sont accompagnés par le célèbre musicien Rone qui sculpte l’espace d’amples paysages électroniques et émotionnels. Avec le spectacle Urgence, la Cie HKC porte avec rage le refus du déterminisme social de cinq jeunes issus de la banlieue lyonnaise bien décidés à réaliser leurs rêves de danseurs.
Les anciennes usines Fagor : le lieu de la jeunesse et de tous les possibles !
Espace dédié à la jeunesse, les anciennes usines Fagor à Gerland accueilleront dans un esprit festif et un bouillonnement de rencontres de multiples expériences comme des battles hip-hop, des installations vidéos, des performances chorégraphiques, des jeux permettant de danser grâce à des applications spécifiques… autant de propositions faites par onze grands chorégraphes qui ont invité des jeunes étudiants et amateurs à s’exprimer sur ce qu’ils sont dans la danse et dans la vie, exposant le regard d’une jeunesse sur le monde, ses désirs et ses peurs. Outre qu’il pourra participer à certaines de ces expériences, le public est invité à déambuler dans ce magnifique lieu au gré des évènements avec un accès entièrement gratuit.
Le défilé de la Biennale aux couleurs de l’Afrique !
Prenant la forme d’un spectacle, le défilé de la Biennale se déroulera à Fourvière mais ne sera accessible qu’aux familles des participants. La chanteuse Fatoumata Diawara et la danseuse et chorégraphe Germaine Acogny en seront les marraines. Douze groupes de la Région emmenés par les fantastiques marionnettes « Les grandes personnes » danseront sur la scène du Grand Théâtre, les 5 et 6 juin. L'évènement sera retransmis sur France3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Biennale de la danse, du 1er au 16 juin.. Réservations et programme complet : www.labiennaledelyon.com
Les spectateurs pourront assister aux spectacles en jauge réduite à 35%, possiblement étendue à 65% à partir du 9 juin, dans la cinquantaine de lieux à Lyon et dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
"éveil des consciences" Il est vrai qu'avant le nouveau monde de la Start Up Nation, les citoyens/nes n'étaient pas éveillés ! On les attendaient urgemment !