Biennale de la danse : le hip-hop lumineux de Thô Anothaï

Épurée, simple et puissante à la fois, la danse de Thô Anothaï revendique une esthétique capable de donner un véritable sens et une poésie nouvelle au hip-hop d’aujourd’hui. Un artiste à suivre.

Découvert l’an dernier dans le cadre du festival de hip-hop Karavel, le chorégraphe et danseur Thô Anothaï nous offre, avec son solo Nuage, une danse surprenante, tracée par des mouvements d’une grande pureté, en recherche d’un véritable sens, rompant avec les codes du hip-hop – qui se contente encore trop souvent de la technique et de la virtuosité. Le danseur impressionne. Par la précision des gestes, la clarté des directions qu’ils prennent dans l’espace, la lenteur dans laquelle il ose s’installer, l’intensité de sa présence sur scène. Et, du début jusqu’à la fin, il réussit à nous mener sans relâche, dans un voyage sensoriel et sensitif.

Questionner le hip-hop

Laotien d’origine, danseur rompu à toutes les pratiques du hip-hop, Thô Anothaï est un véritable interprète, lumineux, comme on en voit peu dans cette discipline et ce n’est pas un hasard. “Beaucoup de danseurs hip-hop n’ont pas d’interprétation, dit-il. Ils restent trop sur leurs acquis techniques, dans une vision superficielle de la danse. Mon désir est de questionner le hip-hop et d’éprouver des sensations nouvelles, d’inventer une écriture qui explore avec délicatesse et poésie l’art du corps du danseur hip-hop. C’est en observant longuement les formes et les différentes métamorphoses des nuages que j’ai eu envie d’associer cette force de la nature à ma danse. Cette alchimie a donné naissance à un état de corps souple et léger, lent ou surgissant, parfois suspendu, parfois discret, parfois immobile.”

Voyage vers l’inconnu

Nuage, c’est aussi une histoire de déracinement. Celui d’un garçon qui a dû quitter son pays natal à 4 ans et qui ressent encore les sensations de la séparation, et du voyage vers l’inconnu. “Quand j’ai commencé à travailler ce solo, je suis parti sur l’idée de déplacement, d’images de formes qui se développent peu à peu. Puis je me suis rendu compte qu’il manquait vraiment le cœur de ces nuages, l’âme. En allant chercher au plus profond de moi-même, je me suis interrogé sur ce qu’il me restait comme identité dans mon corps, quelles étaient les traces, les cicatrices et pourquoi il n’était pas souple à tel ou tel endroit. J’ai compris que des choses s’étaient figées en moi à cause de ce départ, et, avec la danse, j’ai essayé de me libérer.”

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Nuage, de Thô Anothaï. Dans le cadre de la Biennale off, le 28 septembre, au Croiseur (Lyon 7e).

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