Créateur de l’identité visuelle de la Maison de la danse et de la Biennale, le collectif (La)Horde est composé de trois membres qui n’ont pas encore 30 ans : Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel. Ils apportent un nouveau souffle dans le paysage chorégraphique actuel. À découvrir ce soir et samedi au Toboggan.
Refusant une quelconque classification, les trois membres de (La)Horde développent ensemble un travail sur l’échange et le questionnement des codes de différentes disciplines artistiques, créant des pièces chorégraphiques, des installations, des films et des performances. On les présente comme des révélateurs d’un art post-Internet qui émerge chez des artistes membres de réseaux sociaux, dont la dépendance aux moteurs de recherche est irréversible, avec un MacBook pour atelier et un smartphone à proximité. Un art qu’ils définissent aussi comme un va-et-vient entre réalité et virtualité, sur et hors Internet.
Le jumpstyle, un apprentissage et une diffusion en ligne
Leur pièce To Da Bone s’inspire du jumpstyle, une danse amateur née dans les années 1990 dans le milieu techno hardcore, essentiellement dans les pays d’Europe du Nord. Extrêmement rapide, faite de sauts enchaînés sur un rythme effréné, elle se pratique au départ seul dans une chambre, les jumpers se filmant pour déposer ensuite leurs vidéos sur Internet et les partager avec toute une communauté.
Élaborées en premier lieu dans un espace de solitude, les vidéos sont aussi réalisées dans la rue ou des espaces publics plus larges et plus ouverts, pour se retrouver invariablement sur les réseaux sociaux. Cette méthode est propice à des challenges, des battles virtuelles (qui se transforment en battles réelles lors de meetings organisés à travers le monde), également à la découverte d’autres danses, parfois traditionnelles, pratiquées dans les pays des jumpers.
Une danse structurée et en révolte
Très intense et physique pour les danseurs, une séquence de jumpstyle dure en moyenne vingt-cinq secondes. Les jumpers consomment alors toute leur énergie pour aller au bout de leur enchaînement libre. Il en résulte une danse de jambes exaltée, un sur-place très puissant qui rend compte d’un certain lâcher-prise par rapport à une frustration latente. À la fin de son solo, un jumper est essoufflé mais apaisé ; émane alors de lui une force centrée, pleine de défi et de confiance. Dans cette approche, le collectif (La)Horde évoque une sorte de révolte intime d’une jeunesse isolée qui n’arrive à communiquer qu’avec cet outil.
Depuis 2016, il présente le travail de ces jeunes, sur scène, dans de courtes performances. La biennale est l’occasion de présenter une forme plus “spectacle” d’une heure, réunissant des jumpers du monde entier, avec une construction dramaturgique plus poussée et un déploiement de la chorégraphie dans toutes les variations que peut offrir le jumpstyle dans la danse contemporaine.