Décédé dans la nuit du 5 au 6 décembre, Johnny Hallyday s’est éteint à 74 ans des suites d’un cancer aux poumons. Artiste exceptionnel, il laisse derrière lui sa femme et ses quatre enfants, mais aussi d’innombrables fans. Thierry Téodori, directeur général de la halle Tony-Garnier, Victor Bosch, directeur et programmateur du Radiant-Bellevue, et Jean-Pierre Pommier, patron de la société de promotion Eldorado, l’ont côtoyé à de nombreuses reprises. Ils nous racontent Johnny.
Johnny Hallyday ne fait pas l’unanimité, mais son aura est transcendante. Fi des goûts musicaux, des différences de génération, ou des divergences politiques. Jusqu’à la fin de sa vie, le rockeur aura irrémédiablement marqué le répertoire national et l’imaginaire collectif. Pour Victor Bosch, directeur et programmateur de la salle de spectacle Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire), Johnny Hallyday est "gravé dans la mémoire de la France. Il était l’esprit de tout un pays”.
"C’était l’archétype de la rock star”, raconte Thierry Téodori, directeur général de la Halle Tony-Garnier, "il y a autour de lui un phénomène d’identification multigénérationnel”. Pour Jean-Pierre Pommier, patron de la société de promotion de spectacles Eldorado, Johnny Hallyday était surtout un "gentilhomme”. "C’était quelqu’un de simple, de juste”, nous dit-il.
Johnny, la "convergence des planètes”
Jean-Philippe Smet aura laissé une empreinte indélébile dans l’esprit des Français, et de nos trois interlocuteurs. Pour Victor Bosch, c’est tout simplement "la plus grande star de variété française. Une rock star, toutes catégories”. Thierry Téodori renchérit : "Il était profondément rock. Il dégageait quelque chose de vraiment irrationnel”. Nos trois interlocuteurs retiennent surtout de l’artiste "son aura, sa présence, son charisme, son physique, son sourire, et sa voix”. Pour Victor Bosch, Johnny Hallyday, c’est une "convergence des planètes”. Une rare conjugaison d’attributs qui lui a permis d’être qui il était. Jean-Pierre Pommier raconte cette voix, capable comme peu le sont, de "transmettre autant d’émotions, à l’image d’un Brel ou d’un Aznavour. Il jouait avec sa voix comme d’autres jouent avec les mots”. Selon Thierry Téodori, le talent de Johnny permit à ses compositeurs une liberté et une qualité particulière dans leurs textes : "les artistes qui ont été amenés à composer pour Johnny l’ont fait pour lui, avec seulement lui en tête”. Cependant, le directeur général de la Halle Tony Garnier tient à écarter toute fausse impression de facilité : "Il ne faut pas croire non plus que Johnny était magique. Tout ce qu’il faisait n’était pas garanti d’avoir du succès. L’album avec M par exemple, est une preuve que même si deux artistes très talentueux travaillent ensemble, le résultat n’est pas forcement au rendez-vous”.
Chez lui sur scène
Johnny Hallyday était une bête de scène, dans le plus pur des sens. "Une rock star dotée d’une puissance de feu colossale”, selon Victor Bosch. Jean-Pierre Pommier préfère souligner "le vrai patron” qu’il était. "Il décidait de tout à propos de ses concerts. Décors, mise en scène, tout. Il était très impliqué. Et surtout il décidait vite et, très souvent, juste. Il avait l’instinct de la scène”, raconte-t-il. Le rockeur était chez lui sur scène. "C’était son environnement naturel”, renchérit Jean-Pierre Pommier, "vers la fin de sa carrière, avant chaque concert, on se demandait tous s’il allait vraiment pouvoir le faire, physiquement. Et à chaque fois, dès qu’il montait sur scène, il était transfiguré. C’était un véritable miracle”. Son énergie Jean-Philippe Smet la tirait avant tout de son public. "C’était un cas unique. Pendant les concerts, Johnny et son public entraient en communion”, explique Victor Bosch. "Il aimait son public par-dessus tout”, se remémore Jean-Pierre Pommier.
Ce que nos interlocuteurs nous racontent, c’est un Johnny dont le talent et l’investissement sont entrés dans la légende du rock français. Un artiste qui avait prophétisé que se carrière ne s’arrêterait que le jour de sa mort. Une tournée était même en préparation pour 2018, malgré un cancer toujours plus grave. C’était ça, en somme, le miracle Hallyday.