© Anne Gayan

"C’est comme ça (si vous voulez)" au Théâtre de la Renaissance : Pirandello, maître de l’illusion

Avec C’est comme ça (si vous voulez) au Théâtre de la Renaissance, Julia Vidit adapte une œuvre de jeunesse de Luigi Pirandello, où l’auteur italien nous invite à réfléchir sur nos divergences de perception face à la réalité.

En 1923, avec Six personnages en quête d’auteur, sa pièce la plus connue, Luigi Pirandello se posait la question de la relativité de nos perceptions. Il mettait en scène l’impossibilité de ses personnages à jouer une pièce de théâtre, en raison de l’incapacité des uns à concevoir le rôle des autres.

Quelques années plus tôt, le dramaturge sicilien questionnait déjà cette difficulté à se représenter "l’autre". Dans Cosi e (si vi pare) - À chacun sa vérité, tiré d’une nouvelle écrite en 1917, Pirandello dépeint les interrogations et les suspicions de notables d’une petite préfecture italienne, qui voient une famille s’installer dans leur commune suite à un tremblement de terre.

Ces voisins, curieux, sont intrigués par la conduite de Monsieur Ponza, qui semble séquestrer sa femme et empêcher sa belle-mère de leur rendre visite. Les accusations de folie de cette dernière à l’égard de son gendre, nourrissent les questions et les rumeurs. Mais qui croire tant les versions de chacune des parties sont plausibles ?

© Anne Gayan

"La vérité, une expérience impossible"


L’adaptation de cette œuvre peu connue de Pirandello a permis à la metteuse en scène Julia Vidit de continuer à explorer la notion de vérité, qu'elle décrit comme "une expérience impossible". Un thème "qui l'obsède" et qu'elle avait déjà abordée dans différents spectacles, comme Le Menteur de Corneille (2017) ou Illusions de l'auteur russe Ivan Viripaiev (2015).

Rebaptisée C’est comme ça (si vous voulez), cette adaptation offre une intrigue dont les ressorts se jouent des attentes du spectateurs, jusqu’au dénouement que Pirandello avait laissé en suspens. Un quatrième acte imaginé par Julia Vidit et son complice Guillaume Cayet, qui ont eu le désir d'inscrire cette œuvre centenaire dans notre époque contemporaine, particulièrement exposée à des informations et images sujettes à caution.

Ce spectacle, salué unanimement par la critique, jongle avec l’impossibilité de distinguer le vrai du faux et s’amuse avec des inversions de rôles, en construisant petit à petit une vertigineuse spirale bâtie d’illusions.


C’est comme ça (si vous voulez) du 17 au 19 mars au Théâtre de la Renaissance.
2h25. À partir de 15 ans.
Avant-propos "Informations et altérités : les discours médiatiques en questions" le jeudi 17 mars à 19h


 

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