Ce mardi, ouverture du 8e festival “Hallucinations collectives”. Ce délicieux raout lyonnais du cinéma bis s’affirme, d’année en année, comme un incontournable de la saison culturelle, qui travaille le genre dans le sens d’une véritable cinéphilie, pas forcément réservé à un public conquis d’avance mais aux vrais curieux de cinéma. De ce point de vue, l’édition 2015 s’annonce prometteuse. Panorama.
Quand on aime l’autre cinéma, celui qui jadis effrayait non seulement les enfants mais surtout et plus encore les parents, on se sent à la maison chez “Hallucinations collectives”. Une fois par an (mais aussi le reste de l’année, car l’association Zone Bis organise de ponctuelles et fréquentes “séances hallucinées”), il est donc permis de se gaver d’hallus ciné, récentes ou pas et couvrant à peu près tous les genres de ce qu’on appelle justement le film “de genre”.
Strickland et son duc favoris
Comme d’habitude, la compétition officielle présente une série d’avant-première, souvent des films de très bonne qualité, émanant du cerveau malade de cinéastes en devenir ou déjà devenus. On attend beaucoup par exemple du nouveau Peter Strickland, The Duke of Burgundy, qui fait un peu office de favori, alors même qu’il a déjà remporté le Grand Prix en 2013 avec Berberian Sound Studio – même si Blind d’Eskil Vogt semble aussi prometteur.
La programmation est en outre issue du monde entier (Inde, Autriche, Norvège, France), ce qui permet d’embrasser un beau panorama de l’état de santé du bis à travers le monde et des tendances qui le traversent. Même chose pour la compétition de courts-métrages, véritable labo du cinéma de genre.
L’autre Italie
Mais le sel du festival ce sont ses savoureux à-côtés, notamment ses rétrospectives qui témoignent d’un véritable travail de cinéphilie au sens noble du terme. L’une sera consacrée cette année à l’“Italie, mère de tous les bis” avec du Mario Bava, du Lucio Fulci et surtout une copie intégrale qui s’annonce sublime d’un vrai-faux documentaire très longtemps interdit, qui a valu à son réalisateur de passer devant la justice. Celle-ci voulait s’assurer qu’il n’avait pas vraiment tué ses acteurs. Ce film, c’est le terrible Cannibal Holocaust, acte fondateur du “found footage” (qui a donné des films aussi divers que Blair Witch, Rec, Paranormal Activity, etc.).
Nouvelle humanité, Gans et l’animation japonaise
L’autre rétro, intitulée “Nouvelle humanité”, réunit des classiques : L’Ile du docteur Moreau (la version avec Charles Laughton – à noter qu’un documentaire consacré à la version plus tardive avec Marlon Brando sera également présenté), Scanners de David Cronenberg, Tetsuo II et le moins connu Meurtres sous contrôle.
Si l’on ajoute à cela un “Cabinet de curiosités” toujours savamment alimenté pour surprendre, une carte blanche au réalisateur Christophe Gans fort éclectique, quelques savoureuses japonaiseries (du Japanime mais aussi une séance de clôture proposant le dernier Sono Sion) et une foultitude d’autres événements passionnants, on reste dans les clous habituels de cet indispensable festival. C’est-à-dire, et c’est tant mieux, toujours en dehors des clous.