Jeudi 7 octobre, on célébrait les un an de Pixel, pôle dédié au cinéma, à la télévision, à l'Internet et à toutes les nouvelles technologies autour de la vidéo. Objectif : faire venir beaucoup plus de tournages de films qu'aujourd'hui.
Comment la ville des frères Lumière a-t-elle pu passer complètement à côté de son destin de Mecque du cinéma ? La question, posée par une confère de télévision, n'a pas vraiment trouvé de réponse. Et si la Cinecittà à la française était finalement à Villeurbanne ? Ce jeudi, la fine fleur des élus Rhônalpins se pressait à une conférence de presse pour célébrer les un an de Pixel, pôle régional dédié au 7e art, à la télévision, l'Internet et aux tablettes tactiles, bref tout ce qui relève de la vidéo. Il héberge trois studios de cinéma et un parc d'entreprises (27 sociétés). Ce pôle Cinéma, couplé au lancement du festival Lumière, vise à repositionner Lyon sur les écrans radars.
De la farine à la vidéo
L'enjeu : exister face à Paris. "Si la France est centralisée, le cinéma l'est encore plus", regrette Thierry Frémaux, président de l'institut Lumière et du festival éponyme. Lequel festival s'est ouvert sur Chantons sous la pluie, de Stanley Donen et Gene Kelly, qui relate le passage du cinéma muet au cinéma parlant. Pixel, lui, doit témoigner d'une autre révolution, du 35 mm au numérique. Jean-Paul Bret prend ensuite la parole. Le maire de Villeurbanne doit ronger son frein, tant la Région et la communauté urbaine se tire la bourre à qui aide le plus le cinéma, alors que le projet a surtout été porté par Raymond Terracher, son ex-1er adjoint. Bret dit qu'il est heureux d'accueillir l'assistance à Villeurbanne. "Tout à l'heure, Gérard Collomb vous dira qu'il est heureux de vous accueillir à Lyon, enfin Grand Lyon", badine-t-il. L'édile rappelle brièvement l'histoire du site, des anciens Grands moulins de Strasbourg, consacrés à la production de farine, à l'installation des ateliers décors du Théâtre Nationale Populaire, sous l'impulsion de Roger Planchon. Enfin l'arrivée de Studio 24 (en 2002), tout à la fois salle de spectacle et studio de tournage, puis Pixel (2009).
De son passé, le site conserve sa tour, phare du nouveau Grand-Clément, ce quartier qui essaie tant bien que mal d'émerger au milieu des friches industrielles. Il nous l'avait confié l'an dernier, ce secteur pourrait être la nouvelle Confluence de l'agglomération. Mais sa métamorphose est lente. Bret cite l'arrivée de Vinci à deux pas, celle, prochaine, de la salle Arena, dédiée à l'Asvel. Et surtout le tram Lea qui a repositionné le quartier sur les cartes. Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional, a rappelé que ce secteur d'activité employait 13.000 personnes en Rhone-Alpes. Quant à Gérard Collomb, il s'est félicité que les locaux aient accueilli Interpol, la série policière qui a cartonné sur TF1 en mai dernier. La chaîne a commandé six nouveaux épisodes, qui vont être tournés à partir du 15 novembre dans les locaux de Pixel.
La biennale en 3D et en direct
En avant-première, nous avons eu droit aux premières images du film d'Olivier Marchal, Les Lyonnais, qui sortira l'an prochain. L'occasion de parler de Rhône-Alpes cinéma, qui gère Pixel et qui a coproduit 200 films en vingt ans, comme Le Hussard sur le Toit, Lucie Aubrac ou Une hirondelle a fait le printemps. "8 à 10 films vont sortir dans les prochains mois", a précisé Grégory Faes, le président. Parmi lesquels Possession, sur l'assassinat de la famille Flactif ou le dernier de Jean-Pierre Améris, Les émotifs anonymes.
Le site AlloCiné a parlé de son initiative Alloclap : valoriser les lieux de tournage en y apposant un panneau, avec photo, synopsis, anecdotes et une application pour Smart Phone. La société Panavision a présenté ses caméras de tournage, proposées à la location. Belles (et grosses) comme des camions. La Penelope Aation, hybride, capable de filmer en 35 mm et en numérique. Plus loin, un studio de son, appartenant à Pilon cinéma. Avec un énorme tableau de bord central, plus gros qu'un avion. Il permet d'affiner l'ambiance sonore d'une scène. Exemple avec Kaamelott, né à Villeurbanne. Sur l'écran, deux personnages qui parlent sur une place de marché. Sans retouche, on n'entend que leur dialogue. Avec, on perçoit toute l'effervescence de la scène, des bruits de chariots, d'oiseaux, de cris d'enfants et des voix lointaines.
Mais le clou de la matinée, ce fut le visionnage d'un spectacle de la Biennale de la Danse en 3D. Un film que les Internautes d'Orange ont pu voir en direct. Cette prouesse a été réalisée dans le cadre du pôle de compétitivité Imaginove, spécialisé dans "l'image en mouvement" (jeu vidéo, animation, ciné et multimédia) et qui fédère 200 entreprises dans l'agglomération. "Une image corrigée pixel par pixel, nous explique-t-on. Ce sont deux images positionnées l'une sur l'autre à la même altitude pour que le cerveau du spectateur ne souffre pas". Le responsable de Thales, partenaire de l'opération, a confié rêver de filmer en relief un derby Lyon-St-Etienne. "Techniquement, nous sommes prêts", assure-t-il. Mais les Lyonnais le sont-ils vraiment ?
Gérard Collomb, Thierry Frémaux et une explication 'Ce sont deux images positionnées l'une sur l'autre à la même altitude pour que le cerveau du spectateur ne souffre pas', ça fait un Grand Projet pour le Grand Lyon.